Patrimoine n La wilaya de Tizi Ouzou se prépare à commémorer les événements du 20 Avril 1980. Des acquis ont été arrachés durant cette période de 30 ans de lutte. Il s'agit notamment de l'introduction de l'enseignement de tamazight à l'école et sa constitutionnalisation en tant que langue nationale. Mais beaucoup reste encore à faire car tamazight, de plus en plus délaissée par ses enfants, risque de disparaître au profit d'une autre langue qui s'incruste peu à peu dans la société algérienne en général et berbérophone en particulier et que Mohand-Ouamar Oussalem, économiste, enseignant universitaire et un des acteurs d'Avril 1980, appelle «le code mixing». Invité, hier (samedi), par la section communale du FFS dans le cadre d'un programme de célébration du Printemps berbère, celui-ci n'a pas caché son inquiétude quant à la situation actuelle de la langue amazighe. Lors de la conférence débat qu'il a animée au siège de la section communale du FFS il dira qu'aujourd'hui la langue amazighe fait face à trois principaux problèmes, qui sont, soit l'autominoration, soit le rejet et la sous-estimation de la langue par ses propres enfants qui ne parlent plus kabyle mais un mélange de kabyle/français, ou kabyle/arabe : «le code mixing». Un nouveau parler qu'on rencontre également à la radio ou à la télévision ou on calque la syntaxe des autres langues. A ce propos il citera l'exemple de la phrase «Tudri Yemkhalafen Nlaqbayel». Il dira que cette construction n'a aucun sens en kabyle car il suffisait de dire «Tudrin N laqbayel». La première phrase est une traduction de «les différents villages de Kabylie» ce qui est valable en Français ou même en arabe «Moukhtalef El Qora» et non en kabyle. M. Oussalem ne cache pas sa crainte de voir le code mixing remplacer le kabyle comme c'est le cas actuellement de la chanson kabyle complètement dénaturée. Sur un autre volet il remarquera que le volume horaire de 03 heures par semaine est insuffisant pour apprendre la langue. Il faudra 9 heures par semaine ou au minimum 5 à 6 heures dira-t-il. «Il y a ceux qui demandent que tamazight soit une langue officielle. A quoi cela servira-t-il si nous continuons à ne lui accorder que 3 heures par semaine à l'école, si la société se détourne d'elle ?», déplore-t-il. Que faut-il faire pour sauver tamazight de cette situation ? Mohand-Ouamar Oussalem dira que seule la société peut sauver tamazight. La population doit se la réapproprier car il ne s'agit pas d'un problème de structures ou d'appareils. Il faudra aussi cesser d'instrumentaliser la langue à des fins politiques et dépasser ses divergences pour un travail commun.