Contribution n Mohamed El-Aïd Samadi, directeur de la culture à la wilaya de Blida, affirme que l'aspect culturel dans la wilaya de Blida va complètement changer. Dans cet entretien, il revient sur de nombreuses questions touchant à son département. InfoSoir : On annonce nombre de réalisations alors que le terrain confirme le contraire... Md El-Aïd Samadi : Nous avons hérité d'une situation pouvant être qualifiée de catastrophique, notamment en l'absence de constructions propres au domaine de la culture, mais depuis, la délégation de pouvoir que nous a accordée le wali à la fin de l'année dernière, nous avons pu déblayer le terrain et entamer toutes les démarches jusqu'à parvenir – ce mois-ci, coïncidant avec le Mois du patrimoine – à l'ouverture des plis pour la construction de la Maison de la culture et autres réalisations. Je peux ainsi annoncer l'acquisition prochaine pour Blida d'un théâtre régional, une bibliothèque principale, deux bibliothèques urbaines à Larbaâ et El-Affroun, cette dernière devant recevoir, dès la prochaine rentrée, quelque 20 000 étudiants. Qu'en est-il exactement du grand ensemble de la Maison de la culture de Bab D'zaïer ? Nous avons pu dégager les parties considérées comme prêtes et nous allons les équiper pour les ouvrir au public, notamment la salle polyvalente, la bibliothèque, quelques ateliers et l'administration, l'ensemble réparti sur cinq étages. Les choses avaient été mal faites et cela aurait été une catastrophe de continuer ainsi. Donc, il fallait déterminer les urgences et s'y consacrer sérieusement. On parle de la restauration du lycée Ibn-Rochd. La direction de la culture y participe-t-elle ? Nous n'avons pas été intégrés au projet et nous ne comprenons pas cette démarche. Mais nous comptons porter sur la liste nationale des monuments de Blida tels que les mausolées de Sidi-Yacoub et de Sidi-Kebir, Dar-Aziza, les mosquées Hanafi et Ben-Saâdoun. Nous figurons sur la liste d'un secteur global qui est la vieille ville de Blida. De grandes et anciennes constructions sont démolies à des fins mercantiles… C'est une question très sensible ! Des monuments traités de la sorte, c'est consternant et affligeant. Mais que peut-on faire tant que les classements ne sont pas établis ? Cela dit, le problème n'est pas propre à Blida puisque le fait est constaté un peu partout dans le monde. Cependant, l'existence d'associations de sauvegarde du patrimoine pourrait amoindrir ces atteintes. Le patrimoine, c'est l'affaire de tous ! La mémoire collective est l'affaire de tous les secteurs de l'Etat. C'est le rôle de la famille, de l'école, de la société civile si elle existe, des associations, des intellectuels en un mot, du citoyen. A ce moment-là seulement, nous pourrons vraiment parler de mémoire collective. Que dire des témoignages à recueillir auprès des personnes âgées ? Le patrimoine immatériel est un travail de terrain que nous devons entamer et poursuivre avec la collaboration de l'université forte de ses 45 000 étudiants. Constituer des équipes de terrain avec les enseignants chercheurs et se consacrer à recueillir les sommes de connaissance détenues par ces personnes âgées contribueront à ne point laisser tomber dans l'oubli ce qui disparaît au fil du temps qui passe. l Rappelant que le Théâtre régional de Blida s'inscrit dans le plan quinquennal de réalisation 2010-2014, Mohamed El-Aïd Samadi a annoncé la réalisation prochaine de plusieurs «bibliothèques communales, un siège pour la direction de la culture, des études pour la sauvegarde du vieux bâti de Blida». Notre interlocuteur lance, ici, un appel à la population blidéenne «afin de se prendre en charge pour la protection des vieilles constructions à Douirette, El-Djoun et autres endroits», avant d'annoncer que la vieille ville de Blida sera incluse dans le plan permanent de sauvegarde «qui sera le fruit d'un travail de fourmi avec l'inventaire du bâti, sa nature juridique et son état de conservation. Il est prévu le lien avec le département d'architecture de l'université Saâd-Dahlab pour un travail de terrain à l'occasion du Mois du Patrimoine et gagner ainsi du temps. Le programme d'investissement est très conséquent et c'est le plus important qu'ait pu obtenir Blida depuis l'indépendance du pays.» l Interrogé sur l'évocation dernièrement, de l'éventuel passé romain de la ville de Blida, Mohamed El-Aïd Samadi a répondu : «J'ai eu vent de la nouvelle, et là, j'ouvre une parenthèse pour dire que toute découverte fortuite se déroule partout dans le monde à partir du moment où on se met à creuser le sol. Cependant, toute personne, lors de fouilles ou d'entame de chantiers, se doit de signaler à nos services toute découverte ayant trait à un passé historique. Là, à Blida, il y a eu pour le compte de la Sonelgaz, une fouille d'une profondeur de 60 cm environ et les objets trouvés ne peuvent remonter à plus loin que l'ère coloniale française. Mais je tiens à signaler qu'une enquête est ouverte par la gendarmerie pour retrouver les traces de ces jarres et autres objets cités dans un article de la presse nationale. L'appel que je fais en tant que responsable du secteur est que le passé historique est l'affaire de tous et qu'au lieu de pointer du doigt l'administration chargée de cette mission, il est préférable d'avoir l'acte civique de nous informer en temps réel pour nous permettre d'intervenir. Donc, le dossier reste ouvert et nous attendons les conclusions de l'enquête.»