«Nous vivons dans une grande prison à ciel ouvert», disent des psychologues palestiniens invités à un séminaire à Alger. Les témoignages qu'ils apportent sur le vécu de la population et notamment des enfants, sont bouleversants. Etant nés et ayant grandi dans la peur et l'enfermement, ces enfants connaîtront-ils un jour le sens du mot «liberté» ? Leurs récits portaient sur les sévices que subit dans les territoires occupés, la population palestinienne, notamment les enfants qui vivent dans la terreur des colons juifs. Ces Palestiniens qui participent à un séminaire sur l'échange d'expériences autour du psycho-trauma et soutien psychologique, organisé par le Croissant-Rouge algérien (CRA) ont relevé dans leurs témoignages, les «atrocités» que vit au quotidien la population des territoires occupées. Imene Ibrahim, Nazaréen de Kalkilia, psychologue, affirme qu'elle vit dans «un vase clos», la région où elle habite étant entourée par ce qu'elle qualifie de «mur de la honte». «Nous avons une seule issue contrôlée par un barrage militaire israélien avec tout ce que cela suppose comme humiliations lors des opérations de fouilles», dit-elle. «Nous vivons dans une grande prison à ciel ouvert. Les colons juifs ont spolié nos terres et la population de Kalkilia vit dans la misère», car, renchérit-elle, les rares Palestiniens qui jouissent encore de leurs terres se voient empêchés par les militaires juifs de les cultiver. «Pis encore, les récoltes des cultivateurs sont souvent détruites par les colons. A l'évidence, cette situation a des effets néfastes sur l'économie de la région dans la mesure où la population souffre de chômage», se plaint cette jeune maman (33 ans) de quatre enfants. Psychologue de formation, Imène qui prend en charge les enfants de Kalkilia, estime qu'elle fait de son «mieux» pour que ces innocents ne soient pas affectés par les exactions des colons juifs. «Nous habitons près de la mer, mais les enfants de Kalkilia n'ont jamais eu le plaisir de la voir à cause du mur qui encercle la ville. Les enfants que je prends en charge ne peuvent même pas jouer dans la rue, de peur d'être battus par les militaires», dit-elle la gorge nouée par l'émotion. De son côté, Nader Khellaf (30 ans), psychologue auprès de l'association des jeunes chrétiens à Al Khalil, raconte les mêmes souffrances. «Si l'apartheid a été banni en Afrique du Sud, il est toujours en vigueur à Al Khalil. Nous vivons sous une pression insoutenable», a-t-il témoigné. Nader s'occupe des enfants victimes de l'Intifadha, les handicapés et leurs familles. «L'association que j'ai en charge s'occupe d'enfants ayant été détenus alors qu'ils sont mineurs. En raison de ce qu'ils ont vécu, ils sont à présent perturbés dans leur scolarité et ont du mal à assimiler les cours», raconte-t-il sur un ton rageur. Même colère chez Saeda Kabha (34 ans) de Jenine qui quitte la Palestine, pour la première fois depuis 2001, pour avoir organisé une manifestation dans son village à Toura, dit-elle. Prenant en charge 27 enfants, celle-ci affirme qu'elle pleure à chaudes larmes quand elle les voit jouer. «Leurs jeux sont inspirés de la mort et de la violence. Cela démontre l'impact de qu'ils subissent tous les jours ».