Difficulté n Il est impossible de faire un état des lieux en Algérie en ce qui concerne la cybersécurité, selon la société de sécurité des réseaux informatiques (SSRI). «La description de ce phénomène apparaît même incomplète», précise Abdelaziz Derdouri, président-directeur général de la SSRI. «L'information demeure peu disponible, d'autant plus qu'il n'y a pas obligation de rapporter les incidents», a-t-il ajouté, tout en plaidant pour la prise de certaines décisions et l'établissement de normes. Dans son intervention hier, mardi, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il relèvera l'importance de réfléchir à une politique nationale sur la sécurité de nos systèmes informatiques. Il faut dire que depuis l'adoption en août 2009 de la loi contre la cybercriminalité, les initiatives pour enrichir le cadre juridique demeurent très insuffisantes. La cybersécurité reste à cet effet peu couverte par la législation algérienne. Pourtant, «les agissements malveillants d'individus ou de gouvernements sont la cause de préjudices politiques, économiques, financiers et sociaux». Les défis posés donc par la cybercriminalité sont énormes, d'où l'importance de mobiliser les moyens adéquats pour y faire face. Il s'agit notamment de mettre sur pied «des mesures de prévention et de réaction pour neutraliser nos réseaux», dit M. Derdouri. Un dispositif à même d' assurer, dit-il, «la continuité du travail et la sécurité de nos institutions». A ce titre, il rappellera que «près de 140 gouvernements ont acquis des programmes pour utiliser l'Internet comme arme de combat». Et «les perspectives d'aboutir à un accord international en matière de cybersécurité paraissent lointaines». L'enjeu paraît ainsi très grand et nécessite, de l'avis de l'intervenant, l'ouverture d'un grand débat auquel devraient participer toutes les entreprises et institutions nationales. Au regard de l'ampleur qu'a pris ce phénomène ces derniers temps, M. Derdouri prévient de l'impact que pourraient avoir les appels d'offres lancés par nos entreprises en direction des étrangers. «On ne peut pas confier la sécurité de nos entreprises à des étrangers.» Il rappelle dans ce cadre la décision prise par les autorités de former une dizaine d'ingénieurs localement par des enseignants américains spécialisés. Outre cette disposition, les autorités seraient, selon M. Derdouri, en phase de créer un pôle pour le développement de logiciels pour la cybersécurité en Algérie. Dans ce sens, la présidente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Mme Zohra Derdouri, a indiqué que son organisme travaille pour la mise en place prochaine d'un Global Internet eXchange (GIX). «L'Algérie pourrait disposer de son propre GIX d'ici à la fin de l'année. Ce projet, une fois achevé, assurera une meilleure sécurisation pour les usagers de l'internet en Algérie». L'objectif de cette infrastructure est de permettre l'interconnexion directe des réseaux par l'intermédiaire des points d'échange, plutôt qu'à travers un ou plusieurs réseaux tiers.