«Une arme cybernétique peut être plus efficace qu'un avion bombardier», a estimé le conférencier. Comment sécuriser le réseau informatique en Algérie? Telle a été la problématique posée par les participants à la conférence sur la sécurité des systèmes informatiques, organisée hier au siège de l'APS à Alger. «La cybersécurité, enjeux réels et situation en Algérie», est le thème de l'exposé présenté par Ali Derdouri, directeur général de la Société de sécurité des réseaux informatiques (Ssri). D'emblée, le conférencier a insisté sur la nécessité de l'implication dans ce cadre, de toutes les institutions de l'Etat, car «il s'agit de la sécurité de la nation», explique-t-il, avant de préconiser que «l'Algérie doit développer ses propres systèmes de sécurité, susceptibles de faire face aux différentes attaques cybernétiques». Le conférencier s'est longuement attardé sur l'impact de la cybercriminalité, notamment les principaux secteurs visés via des attaques cybernétiques, tels que les finances, l'économie et les réseaux gouvernementaux, ce qui mettra l'Etat et ses sociétés ou institutions, objet de ces attaques, dans une situation conflictuelle avec ses différents clients, ou encore de désordre que pourra générer une attaque des réseaux informatiques de ces secteurs. «L'Algérie continue à lancer des appels d'offres aux sociétés étrangères, afin de sécuriser ses réseaux informatiques, cela est complètement anormal», a-t-il lancé, avant d'ajouter que «nous devons nous méfier des étrangers». L'Assemblée nationale populaire a adopté, rappelons-le en septembre 2009, une loi sur la cybercriminalité, visant à prévenir, notamment les infractions informatiques contre la sécurité de l'Etat, avec une plus grande surveillance des courriers électroniques. A ce sujet, Derdouri a déclaré que «la loi algérienne de 2009 est incomplète et elle a besoin d'améliorations». Le nombre de pays utilisant la cybersécurité ne cesse d'augmenter ces dernières années, c'est dire l'importance que revêt ce système. A ce propos, le conférencier a fait une petite comparaison entre le coût d'un avion bombardier qui dépasse les 2 milliards de dollars et une arme cybernétique qui ne coûte que 1000 dollars. «L'impact de l'arme cybernétique peut être plus désastreux qu'un bombardier», a-t-il estimé. Selon le même responsable, plus de 160 pays dans le monde utilisent actuellement la cybersécurité, alors qu'en 2006, il n'y en avait que 20. M.Derdouri a, en outre, annoncé qu'une dizaine d'ingénieurs seront formés en cybersécurité à partir de cet été, et ce, au niveau de la société qu'il dirige. «Nous allons nous doter du matériel nécessaire afin de développer notre propre sécurité informatique. Nous espérons former une dizaine d'ingénieurs d'ici à la fin de l'anné 2010», a-t-il prévenu. Empruntant le langage des chiffres, M.Derdouri a fait savoir que les experts du domaine estiment le nombre d'attaques cybernétiques des USA de l'ordre de 20,600 millions.