Au niveau du Conseil de l'ordre des médecins, 300 plaintes concernant des erreurs médicales ont été traitées et une centaine d'affaires a abouti devant les juges. Pour le Dr Bekkat, il faut cependant dépénaliser l'erreur médicale. «Le médecin n'est ni un délinquant, ni un criminel.» En prenant la défense de ses collègues praticiens, le Dr Bekkat, qui a fait cette affirmation, plaide pour la dépénalisation de l'erreur médicale. Intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III, le président de l'Ordre des médecins dira : «Il y a un certain nombre de psychiatres jugés et condamnés. A cet effet, nous n'avons pas le droit de commenter une décision de justice, mais nous devons la comprendre.» Au niveau du Conseil de l'ordre des médecins, nous avons traité 300 plaintes depuis quatre ans. Ainsi près d'une centaine d'affaires est en cours de traitement au niveau de la justice, a révélé, le Dr Bekkat. Revenant sur la dépénalisation de l'erreur médicale, il précisera que «ce concept en Algérie et partout ailleurs, est, en lui-même, parfois inévitable, le médecin n'est pas un délinquant, mais il est au service de la population alors que nous continuons dans notre pays à le pénaliser et à le responsabiliser». «La dépénalisation n'est pas synonyme d'impunité, le médecin a le sens des responsabilités, il doit rendre des comptes à l'instar de tout métier de ses faits et gestes qui touchent directement à la santé humaine. Il doit donc se déterminer par rapport à ce qu'il doit engager en matière de diagnostic et de traitement médical ou chirurgical.» Il ajoutera que «le médecin est responsable de ses actes». A une question sur le risque de la dépénalisation quant à l'augmentation des erreurs médicales, le Dr Bekkat précisera, encore une fois, qu' il ne s'agit pas d'impunité, mais il dira qu'il est préférable pour les victimes des erreurs médicales de saisir le Conseil de l'Ordre des médecins, qui est habilité à établir l'expertise médicale permettant de déterminer la responsabilité médicale et, partant, de décider de l'ouverture d'une enquête et porter l'affaire devant la justice. «La justice a tendance à méconnaître l'erreur médicale et à considérer toute erreur médicale comme répréhensible directement, puisqu'il est anormal, et c'est très grave, que la justice décide d'incarcérer un ensemble de médecins ayant commis une erreur médicale.». La justice devrait nous consulter régulièrement avant que le juge ne statue sur une quelconque affaire, et ce, afin d'éviter les emprisonnements abusifs. Le même intervenant a réitéré son appel pour la dépénalisation des erreurs médicales partant du principe que la médecine n'est pas une science exacte. «Il y a le hasard et l'aléa qui entrent en jeu et qui font que parfois 1% à 3%, des choses se passent anormalement. À partir de là, «comment peut-on, condamner ou rendre responsable un médecin qui met toute sa science au service du malade ?» Samia Lounes