Comme pour beaucoup de saints, la tradition n'a gardé que des brides de la vie de Sidi Aïssa. Ainsi on rapporte qu'un jour, il s'est rendu dans la région proche de Hamza (aujourd'hui Bouira) où il avait des parents. Il était accompagné de sa famille, notamment de sa fille Heloua, qu'il aimait beaucoup. Soit que le voyage l'avait fatiguée, soit qu'elle couvait déjà quelque chose au départ, elle tombe malade. Ce n'est pas une maladie légère qui part au bout de quelques jours : le mal semble profond et la jeune fille, en dépit de tous les soins prodigués, s'affaiblit au point que l'on désespère de la voir guérir. Elle refuse de manger tout ce qu'on lui présente et quand on la force à avaler un morceau, elle le vomit aussitôt. Sidi Aïssa est désespéré. «Ma fille, lui dit-il, pourquoi ne fais-tu pas l'effort de retenir ce qu'on te donne ? A force de tout vomir, tu vas perdre les dernières forces qui te restent et tu vas mourir !» La belle Heloua lève péniblement la main et d'une voix très faible, dit : «Je ne peux rien avaler, père...» — Peut-être qu'il y a quelque chose qui te plairait ? — Non, père, je ne veux rien manger. De toute façon, mon ventre le rejettera !» M. A. Haddadou