L'édition algérienne n'est plus ce qu'elle était. La production n'a cessé de s'améliorer en termes de qualité et de quantité. Des maisons d'édition, autrefois jeunes et nouvelles dans le métier, jouissent, aujourd'hui, d'une notoriété à l'échelle nationale. Certaines d'entre elles entretiennent même des relations de travail et de partenariat avec des éditeurs étrangers en termes de coédition ou d'achat de droits d'auteur. Les maisons d'édition algériennes se professionnalisent et se soucient désormais de la qualité du produit qu'elles proposent aux lecteurs. Ainsi, l'édition algérienne gagne d'année en année en qualité et, d'une manière globale, l'on assiste effectivement à plus de professionnalisme et de rigueur : chaque maison d'édition personnalise son livre et a sa propre identité éditoriale sur l'ouvrage. Tout ce travail a été fait ces dix dernières années, notamment à travers des événements ayant favorisé le développement de l'édition algérienne, surtout sur le plan technique, c'est-à-dire la fabrication du produit livresque. Des événements d'envergure internationale, comme «El Djazaïr 2003, l'année de l'Algérie en France» (2003), «Alger, capitale de la culture arabe» (2007), ou encore le Festival culturel panafricain, ont permis aux éditeurs algériens d'améliorer la fabrication du livre en se conformant aux normes internationales, donc de se soucier davantage du professionnalisme, de volonté, de force et de rigueur. Tout cela a non seulement aidé l'édition algérienne à s'améliorer, mais aussi à se développer sur le plan de la production. Autrement dit, les éditeurs publient davantage – ils misent même, en partenariat avec les pouvoirs publics, le ministère de la Culture en particulier, sur des ouvrages coûteux – et avec moins de risques. Le Salon international du livre d'Alger a aussi permis aux éditeurs d'entrer en contact avec des éditeurs étrangers et de s'enquérir des nouvelles normes régissant l'édition, envisageant ainsi le partenariat ou l'échange d'expérience en la matière. Tout cela a concouru à l'essor de l'édition algérienne en dépit de la crise que continue de connaître la chaîne du livre. Les raisons d'un essor Constat n L'édition algérienne s'est pluralisée et diversifiée ces dix dernières années, elle s'est donc vulgarisée et plus ou moins démocratisée. Il y a plus de publications, donc plus d'auteurs, comparativement aux années antérieures à 1988, où l'édition algérienne était limitée, encadrée. D'où la question : qu'est-ce qui fait que, aujourd'hui, il y a plus de maisons d'édition, plus d'auteurs et de publications ? Les professionnels du livre s'accordent à dire que l'édition algérienne s'est multipliée et diversifiée, comme ils s'accordent à mettre l'accent sur le fait que de plus en plus d'auteurs préfèrent se faire publier. Cela revient à dire qu'il y a un intérêt, d'une part, à l'écriture, et, d'autre part, à l'édition qui, d'année en année, prend des proportions importantes. «Il y a effectivement davantage de personnes qui font la démarche d'aller voir une maison d'édition pour se faire éditer», dira Yasmina Belkacem des éditions Chihab, précisant que nombreuses sont les personnes qui écrivent chez elles, tiennent un cahier, un journal dans lequel elles notent les petites choses personnelles, des esquisses de romans, de récits.» Yasmina Belkacem confirme le fait qu'il y a plus de textes qui se font publier. Interrogée sur les raisons expliquant l'essor de l'édition algérienne, elle répond : «Parce que, relativement, et toute proportion gardée, ça va mieux au niveau éditorial, même s'il reste beaucoup de problèmes à résoudre dans le secteur du livre. Il y a plus de maisons d'édition et plus de variétés dans la ligne éditoriale, il y a donc plus de possibilités éditoriales, et cela explique que les gens fassent le pas de prendre leur manuscrit et de s'adresser aux maisons d'édition.» Ainsi, l'acte de se faire éditer est devenu un peu plus démocratique, moins élitiste, d'où la question : est-ce que de tout cela la qualité perdrait quelque chose ? «Je ne sais pas, on ne peut pas répondre», dit-elle, et de poursuivre : «Si, toutefois, les textes ne sont pas bons, cela permettra, par la suite, de faire le tri.» Yasmina Belkacem explique ensuite, que l'essentiel n'est pas dans le fait d'éditer uniquement un livre, mais aussi d'aller à la rencontre d'un lectorat, «et au bout d'un certain temps, c'est le lecteur qui va faire la différence entre un bon texte et un texte de qualité moindre». Yasmina Belkacem, pour qui l'éditeur doit faire preuve de rigueur et d'exigence sur la qualité du texte, estime, cependant, que «plus on a de textes, plus on créera l'envie d'écrire chez les gens et susciter des vocations d'écriture».Elle estime, en outre, que l'envie d'écrire vient du fait que les jeunes auteurs aspirent à réaliser un rêve et se faire éditer est un acte gratifiant, c'est-à-dire qu'ils sont à la recherche d'une reconnaissance. Yacine Idjer