Résumé de la 2e partie n Les serviteurs, estimant que Thassadith ne méritait pas autant de cadeaux de la part du roi, en subtilisent quelques-uns en chemin... Quand ils furent sur le point de quitter la maison de la fiancée, cette dernière s'adressa à eux : «Remerciez de ma part votre généreux maître et présentez-lui mes respects. Je vous charge aussi de lui dire exactement ceci : il manque du duvet à la perdrix, de l'eau à la mer et des étoiles au ciel.» Le roi attendit ses messagers avec impatience. Quand ceux-ci furent auprès de lui, il leur demanda de lui narrer tous les détails, de lui raconter et de lui décrire les faits et gestes de sa fiancée, ainsi que tout ce qu'elle avait pu dire. L'un des serviteurs s'avança et relata : «Sire, ta fiancée nous a bien reçus, mais nous n'avons rien compris à ce qu'elle nous a dit. Elle ne parle que par énigmes ! Justement ! fit le roi, rapportez-moi exactement ses paroles.» Les serviteurs firent le récit complet et détaillé de la visite. Aussitôt, le roi sermonna ses sujets : «Espèces d'idiots ! Ce n'est pourtant pas sorcier ! Quand elle vous dit que sa mère est partie voir ce qu'elle n'a jamais vu, cela signifie qu'elle est partie assister à un accouchement. Quant au père, il est allé dévier l'eau du courant pour activer la roue de son moulin et vous savez qu'une fois sortie du moulin, l'eau retourne vers le courant, expliqua le monarque non sans ridiculiser ses messagers. Et comment expliquer le partage des poulets, sire, osa demander l'un d'eux ? Son partage me paraît logique et équitable : au père revient la tête du poulet car il est le chef de famille ; à la mère revient le dos car elle est la charpente du foyer ; aux mâles de la famille, elle a réservé la poitrine car ils constituent le rempart qui la protège des attaques extérieures ; aux sœurs, elle a remis les ailes car ce sont des filles et la coutume veut qu'un jour la fille quitte ses parents pour vivre chez son époux. Quant à vous, imbéciles, elle vous a offert les pattes car c'est sur vos deux jambes que vous êtes allés la voir. Ce n'est pas tout ! fit l'un des domestiques. Avant de nous laisser partir, elle a ajouté ceci : «A la perdrix, il manque du duvet, à la mer il manque de l'eau, et au ciel il manque des étoiles.» Le roi s'empourpra et s'écria : «Soyez maudits ! Qu'avez-vous fait de mes offrandes, misérables ?» Les valets s'empressèrent de répondre : «Nous les avons remis à votre fiancée, comme convenu. Vous avez osé me voler, petites vermines ! Si ma fiancée dit qu'il manque du duvet à la perdrix, cela veut dire que vous avez dérobé des étoffes d'or. Elle dit aussi qu'il manque de l'eau à la mer, c'est que vous avez également pris du parfum. Pire encore, vous vous êtes permis de toucher aux émaux des bijoux, sinon il ne manquerait pas d'étoiles au ciel. Vous voilà démasqués !» Les serviteurs se jetèrent immédiatement aux pieds du roi, implorant son pardon. Celui-ci voulut leur infliger un châtiment exemplaire mais se retint à la dernière minute pour éviter de choquer sa promise. Il se contenta de les prévenir : «Disparaissez de ma vue et que je ne vous reprenne plus en train de voler, sinon je vous couperai les mains !» A suivre Conte marocain