Résumé de la 2e partie n Voulant épouser la fille qui a trouvé l'énigme, le roi lui envoie une caravane chargée de cadeaux. Il demande à ses serviteurs de bien écouter les propos de sa fiancée et de les lui rapporter fidèlement… Le père, la mère et les garçons, chacun de son côté, rentrèrent bientôt. Ils furent très étonnés de voir chez eux les hommes du roi, dont tout le monde avait oublié les recommandations. Heureusement la jeune fille avait déjà préparé pour ses parents et leurs hôtes le repas, qu'elle leur servit elle-même. Quand on arriva aux poulets, elle en prit un qu'elle découpa. A son père elle donna la tête, à sa mère le dos, à.ses sœurs les ailes, à ses frères la poitrine et aux serviteurs du roi... les pattes. Ceux-ci étaient de plus en plus intrigués, mais ils se gardèrent bien de le laisser paraître, de peur de mécontenter celle qui allait être bientôt leur reine. Quand ils furent sur le point de prendre congé, la jeune fille se tourna vers le chef des serviteurs et lui dit : — Quand vous serez retournés auprès de votre maître, vous lui présenterez mes respects et en même temps, n'oubliez pas, je vous prie, de lui rapporter exactement ce que je vais vous dire. Dites-lui qu'il manque des étoiles au ciel, de l'eau à la mer et à la perdrix du duvet. Les serviteurs n'en revenaient pas. Ils répétèrent néanmoins plusieurs fois les paroles de la jeune fille afin de les retenir et de les répéter au roi. Ils trouvèrent leur maître impatient de les revoir. — Vite ! dit-il. Redites-moi tout et prenez garde de ne rien oublier. Ils racontèrent tout par le menu, veillant à ne rien laisser paraître de leur surprise, pour ne pas indisposer le roi. — Quand nous avons demandé où étaient son père, sa mère et ses frères, elle a dit que le premier était allé mettre de l'eau dans de l'eau, la seconde voir ce qu'elle n'avait jamais vu et les derniers donner des coups et en recevoir. — Sire, ajouta le chef des serviteurs, nous vous rapportons très exactement les paroles de la jeune fille. — Elles sont claires, dit le roi. Les serviteurs restèrent bouche bée. — La mère, reprit le roi, est allée assister une femme en couches. Elle allait donc voir un enfant qu'elle n'avait jamais vu jusque-là. — C'est ce qu'elle a dit en rentrant, dit le chef des serviteurs, médusé. — Le père, continua le roi, est allé dévier l'eau de la rivière pour actionner la roue de son moulin. L'eau, une fois sortie du moulin, retourne évidemment à la rivière. Le meunier a donc réintroduit de l'eau dans de l'eau. — Exactement ! s'écrièrent deux ou trois serviteurs en même temps. — Quant aux jeunes frères, ils sont sortis sur la place jouer au pugilat avec les garçons de leur âge. Les serviteurs, émerveillés, convinrent que cela aussi était vrai. — II y a encore autre chose, dit le chef des serviteurs. — Et quoi ? Il raconta l'étrange partage du poulet. — C'est un poulet très bien partagé, dit le roi. — Assurément, mais, Sire, nous n'avons rien compris. — Rien de plus facile, dit le roi. A son père la jeune fille a donné la tête, car il est la tête de la famille, à sa mère le dos car c'est sur elle que repose le poids de toute la maison, à ses frères la poitrine parce qu'ils en sont le rempart et les défenseurs, à ses sœurs les ailes car elles doivent un jour prendre mari et s'envoler, et à vous les pattes car sur vos pieds vous êtes allés jusqu'à elle et sur vos pieds vous deviez repartir. (à suivre...)