Résumé de la 71e partie n Fritz Hartmann s'improvise marchand de viande, une denrée rare dans l'Allemagne d'après-guerre. Il a beaucoup de succès parce que sa viande est à moitié prix ! Régulièrement, on le voit arriver, la nuit, accompagné d'un jeune homme, et parfois même d'un enfant, avec qui il monte discrètement dans sa chambre. On voit aussi son ami Gans s'en aller, comme pour lui laisser la place. Ce Fritz est de mœurs légères, mais comme il rend service à la communauté on veut bien fermer l'œil sur ses agissements. C'est bientôt Noël et Frau Engel, ce matin, lui a dit : — Monsieur Hartmann, il me faudra de bons morceaux pour le réveillon ! — je vous fournirai comme d'habitude, Frau engel, répond-il, avec un large sourire. — Je veux aussi des tripes d'agneau pour faire des saucisses. — Vous en aurez, Frau Engel ! — Tous les locataires de l'immeuble dîneront chez moi ! vous serez des nôtres, votre ami et vous ! Il va donc festoyer avec ses voisins. Une fois la fête finie, Hartmann ne rentre pas chez lui mais se rend à la gare de Hanovre. Comme il fait froid, il n'y a pas de monde dans les rues. Il s'est revêtu d'une cape et d'un bâton de policier à la main, il sillonne les couloirs de la gare, refuge, en cette veille de Noël, des sans-abri. Il ne tarde pas à voir un frêle jeune homme, un adolescent même, recroquevillé sur un banc. Il s'approche de lui et d'une voix terrible lance. — Papiers ! Le jeune garçon se redresse, effrayé. Il prend Fritz pour un policier et répond : — Je les ai perdus, monsieur. Fritz prend un air sévère. — Perdus ? Dis plutôt que tu n'en as pas et que tu vagabondes loin de chez toi ! — Non monsieur... — Je dois t'emmener au poste de police ! Le jeune homme le supplie. — n'en faites rien, monsieur ! Il regarde attentivement le jeune homme, se gratte le menton, puis dit : — Non, on te jetterait dans une cellule, parmi les ivrognes... Sa voix se fait plus douce. — Mais si tu restes là, tu ne manqueras pas de te faire agresser ou alors arrêter par d'autres policiers… Le jeune homme frémit. Hartmann continue. — je sais que tu as fugué : je vais te ramener chez toi ! Le garçon le regarde, effrayé. — je ne suis pas d'ici… — tu as peut-être de la famille… — non, je n'ai personne ! Il se tait un moment, comme pour réfléchir, puis dit. — Je t'emmène chez moi, tu mangeras un morceau, puis tu dormiras dans un coin ! au matin, tu pourras partir où tu veux. Ça te va ? — Oh ! oui, monsieur, répond le jeune homme, éperdu de reconnaissance. A suivre K. Noubi