Résumé de la 70e partie n Fritz Hartmann, jusque-là connu comme un dépravé, vit comme un vagabond et s'adonne au cambriolage pour survivre. Désormais, il se fera attraper souvent de sorte qu'il fera des séjours répétés en prison. En 1913, il écope même d'une peine de cinq années de réclusion ferme, ce qui lui évitera d'être mobilisé quand la première guerre mondiale éclate. Quand il est libéré, en 1918, l'Allemagne capitule. C'est la fin du conflit. Il trouve moyen, dans la débandade qui suit la fin de la guerre, de louer une boutique dans le vieux Hanovre, avec une chambre où il vit avec son ami Hans Grans. Il le connaît depuis l'enfance et Hans est devenu son ami intime, partageant son domicile et, bien entendu, ses mœurs. Fritz, lui, ne cache plus son homosexualité, mais comme il ne dérange pas les autres, personne ne trouve rien à dire. Cependant, il faut dire que si on ne lui reproche rien, on ne l'aime pas. Ses mauvaises mœurs et son air fouineur et louche lui a valu, dans le quartier, le surnom de Herr Detektive, «Monsieur détective». Son commerce ne marche pas beaucoup, mais Fritz a trouvé le moyen de se faire de l'argent : il vend de la viande ! En ce temps d'après guerre et de crise économique, la viande est devenue une denrée rare en Allemagne où elle est rationnée. Le menu des gens est surtout constitué de pommes de terre bouillies, de raves et de pain de seigle. Ni œufs, ni beurre et surtout pas de viande. On n'en trouve dans les boucheries et les restaurants mais elle est hors de prix. Mais au restaurant de Frau Engel, le Röte Reihe, situé au rez-de-chaussée de l'immeuble où Fritz habite, il y a toujours de la viande ! Chaque matin, Fritz descend de sa chambre un grand seau recouvert d'un torchon. — Qu'est-ce que vous nous apportez aujourd'hui ? demande Frau Engel. — De la bonne viande ! répond-il, en souriant. — De bons morceaux ? — oui, dit-il, comme toujours ! La viande n'est pas aussi bonne qu'il le dit : elle a plutôt une couleur pâle et elle a plus de fibres que la viande habituelle, mais elle a l'avantage d'être à bon marché : elle est même à moitié prix que la viande achetée en boucherie. Cela permet à la restauratrice de la céder à des prix raisonnables. Et puis, bien hachée et mélangée d'épices, le goût n'est pas si désagréable que cela. D'ailleurs, Fritz en vend aussi aux voisins et à des habitants du quartier. Chaque matin, des gens viennent le trouver. — monsieur Hartmann, avez-vous de la viande ? — oui, dit-il. — est-elle au même prix qu'hier ? — bien sûr, je ne change pas mes prix ! Je ne suis pas un spéculateur ! Et d'ajouter : «n'ayez crainte, avec moi, vous aurez toujours de la viande !» On ne manque pas de lui témoigner de la gratitude. Tout le monde mange de la viande à bon marché, tout le monde est content. Et personne ne se demande d'où Herr Detektive se procure sa viande. A suivre K. Noubi