Réfection n Le colloque portant sur l'emploi du patrimoine dans la création théâtrale a été ouvert, hier, à la Bibliothèque nationale et ce, dans le cadre de la 5e édition du Festival national du théâtre professionnel. Le choix de ce thème s'explique par le fait que le théâtre arabe – et notamment algérien – recourt à l'ancestralité et donc aux différentes composantes du patrimoine, dans la mesure où les dramaturges réemploient dans les pièces qu'ils composent le patrimoine, ses formes et ses modes de représentation, qu'il soit matériel ou intangible. C'est ainsi que le comité d'organisation du colloque dira que «le patrimoine se révèle un référent à la pratique théâtrale», avant d'ajouter : «C'est un creuset inspirant les dramaturges dans leur travail de création scénique». Abdelhamid Bourayou, président du colloque, dira : «Le colloque met l'accent sur la relation du patrimoine, en tant que mémoire interactive de la nation et témoin de la relation de la société avec le théâtre, où cette mémoire doit être présente et active. Les chercheurs arabes et étrangers ont commencé tôt à s'intéresser à cette question, en témoignent les nombreuses tentatives, expériences et études visant à consolider la relation entre le patrimoine et le théâtre dans le monde maghrébin et arabe.» A noter, par ailleurs, que le patrimoine se présente comme l'ancestralité et l'authenticité de la société dans laquelle l'œuvre théâtrale prend naissance et forme. Elle est alors la mémoire. «Et il faut que cette mémoire soit présente et fonctionnelle dans le théâtre», relève-t-il, précisant : «Cette mémoire porte en elle – et elle en est le véhicule – tout ce qui est signe, image, symbole et référent.» D'où alors l'intérêt de l'utilisation du patrimoine dans l'exercice théâtral, un héritage commun à tous, car, notons-le, il rend compte à chacun de l'importance et surtout du rôle qu'a le théâtre, à savoir dire la société dans laquelle il évolue. Et c'est pour cette raison que nombre de chercheurs, d'auteurs et de metteurs en scène se sont penchés depuis fort longtemps – et à ce jour encore – sur cette question et ont tenté de l'approfondir, c'est-à-dire de mettre en espace, d'une manière créative et renouvelée, le patrimoine, créant ainsi un rapprochement entre théâtre et patrimoine. L'on parlera aussitôt du théâtre de l'expérimentation et de l'innovation surtout au niveau de la forme, voire de la poétique ou de l'esthétique. C'est ainsi que la relation entre le théâtre et le patrimoine est intimement étroite, elle est durable et continuelle et s'étend à travers le temps et au-delà de l'espace. Cela a conféré à la pratique théâtrale, aussi diverse qu'elle soit, son authenticité, donc son originalité. De ce fait, le théâtre arabe, y compris algérien, revêt une spécificité à part entière et une identité qui lui est propre, une particularité qui le distinguera du théâtre tel qu'il se pratique ailleurs, c'est-à-dire en Occident. Ainsi, le théâtre aussi bien algérien qu'arabe s'inscrit désormais dans ce que l'on peut appeler communément par théâtre universel. Le théâtre devient la manifestation directe et évidente des différentes pratiques patrimoniales. Il contribue à entretenir et donc à pérenniser cet héritage culturel. De son côté, l'utilisation du patrimoine aide à renouveler le champ théâtral. C'est ainsi que les dramaturges versés dans ce genre de pratique se proposent d'apporter un langage capable de renouveler d'une façon inspirée le champ scénique. Yacine Idjer