Débat n Le colloque consacré au théâtre arabe s'est ouvert, hier dimanche, en marge du festival national du théâtre professionnel. Placé sous le générique de «Théâtre arabe : parcours et défis», le colloque, qui voit la participation de nombreux professionnels, a pour objectif de s'interroger sur la problématique notamment relative à la quête identitaire. «Aujourd'hui, et après un siècle de pratique théâtrale, l'on s'interroge sur l'identité du théâtre arabe. Y a-t-il véritablement un théâtre typiquement arabe», s'est interrogé, lors de la tenue du colloque, Abdenacer Khellaf, coordinateur du séminaire, avant d'ajouter que la problématique paraît davantage manifeste, voire délicate surtout avec le fait de la mondialisation qui s'emploie à éradiquer les cultures mineurs et marginales. Autrement dit, quelle est la place du théâtre arabe, donc de la spécificité de la culture arabe dans ce contexte de dualité et d'homogénéisation. M'hamed Benguettaf, commissaire du festival et directeur du théâtre national, a indiqué que «ce colloque se veut une occasion de faire un bilan de plusieurs décennies de pratique théâtrale. Le théâtre arabe a cent ans d'existence, d'où la question : sommes-nous aujourd'hui sortis de l'occidentalisation ? A-t-il restitué son identité, sa spécificité ? Où en sommes-nous maintenant ? Quel théâtre voulons-nous ? Il est temps aujourd'hui de discuter de la réalité et de l'avenir du théâtre arabe.» Fadhil Khalil (Irak) a indiqué pour sa part que le théâtre arabe, tel qu'il se pratique jusqu'à maintenant, est d'inspiration occidentale. «Il est construit sur le modèle occidental», a-t-il dit, soulignant qu'il demeure toujours occidentalisé tant qu'il n'a pas encore trouvé sa spécificité». Pour sa part, Hamid Allaoui (Algérie) a appelé à ne plus considérer le théâtre arabe par rapport à son appartenance culturelle (ou identitaire) à sa nationalité, mais par rapport à l'actualité à laquelle il appartient et par laquelle il se définit. D'autre part, Fadhel Soudani (Danemark) a axé son intervention sur la nécessité de trouver une nouvelle approche et de nouvelles théories du théâtre. Enfin, Abdenacer Khellaf a estimé que le véritable théâtre arabe est celui qui est ancré dans le patrimoine culturel populaire. «C'est le théâtre d'el hakaouati, d'el gouel ou bien d'el halqa. Il s'agit là d'un théâtre vrai, authentique», s'est-il exprimé. Il a regretté que dans les instituts «ne soit enseigné que le théâtre occidental et non les formes et pratiques théâtrales de chez-nous.» Il a par ailleurs déploré qu'«à défaut de soutien financier, l'on se rabat sur le théâtre populaire en faisant appel au patrimoine, et que quand l'argent est là, l'on s'en distancie pour faire un théâtre élitiste». Il est à souligner, au final, qu'en marge du colloque, a été annoncée l'institution du Prix Mustapha Kateb, un prix ouvert aux professionnels du théâtre et qui consiste à encourager la recherche et la création théâtrale. Ce prix sera décerné en 2008, lors de la 3e édition du festival national du théâtre professionnel.