Un jour, Sidi Aïssa reçoit la visite de Sidi Yahia ben Guedim, un habitant de la région. L'homme semble préoccupé et dès que Sidi Aïssa lui demande ce qu'il a, il se confie à lui. «Ah, Sidi, j'ai fait une promesse que je ne peux aujourd'hui tenir !» Le saint fronce les sourcils. «Tu as fait une promesse inconsidérée, et comme tu ne peux la tenir, tu viens demander mon aide ?» Sidi Yahia baisse la tête, honteux : «Tu as vu juste, Sidi !» Sidi Aïssa lui dit sévèrement : «Raconte-moi ton histoire !» Et Sidi Yahia ben Guedim lui dit que n'ayant pas d'enfant mâle, il a fait le serment que s'il lui en naissait un, il régalerait les gens de sa tribu, d'une brebis dont les oreilles auraient deux coudées de longueur. «Deux coudées de longueur ! s'exclame Sidi Aïssa, mais une telle bête ne doit pas exister ! — Oui, Sidi, dit le pauvre homme. Ma femme vient de mettre au monde un garçon, j'ai cherché partout la bête mais je ne l'ai pas trouvée !» Il prend un air si contrit que Sidi Aïssa éclate de rire. «Te voilà dans le pétrin. Je suppose que les gens de ta tribu réclament la bête promise ? — Oui, dit encore l'homme. Et si pour son sbou'ê (l'octave de la naissance du petit), je ne la produis pas, je serai la risée du pays !» M. A. Haddadou