Résumé de la 5e partie n Sidi Aïssa accepte de tirer d'affaire un homme qui a fait une promesse inconsidérée et qu'il ne peut honorer. Il lui explique ce qu'il doit faire, puis il le renvoie en lui donnant rendez-vous pour le sboue — l'octave de la naissance — auquel Sidi Aïssa est, bien entendu, invité. Le jour de la fête, Sidi Yahia ben Guedim dépose, autour de ses tentes, de grandes gasaâ (grands plats en bois), chargées de couscous et de gros morceaux de viande. Il place ses invités, qui sont, bien sûr, impatients de voir l'animal qu'il a promis, mais il ne fait rien, avant l'arrivée de Sidi Aïssa. Celui-ci a demandé à Sidi Yahia de placer le nouveau-né au milieu de l'assistance et de le recouvrir, avant que le saint n'arrive, d'un linge. Il lui a recommandé aussi d'attacher une brebis de telle sorte qu'elle soit bien en vue. Sidi Aïssa arrive et s'apprête à prendre place au milieu de l'assistance. Il manque d'écraser le nouveau-né qu'il feint de ne pas voir. «Attention, attention, se met-on à crier de toutes parts, vous allez écraser le petit innocent !» Sidi Aïssa se baisse et ramasse le petit. Il le regarde attentivement puis, se retournant vers l'assistance : «Vous avez cru, ô gens, que par mégarde, j'allais écraser ce petit être. Mais si je l'avais fait, pensez-vous que le crime aurait été aussi grand que si j'avais tué une grande personne ? — Bien entendu, s'écrient les gens, la vie d'un être humain est une vie, qu'il s'agisse d'un nouveau-né ou d'un adulte !» La réponse plaît à Sidi Aïssa, qui sourit. «Vous avez bien parlé, mais dites-moi pourquoi cet enfant a été placé à cet endroit précis !» On s'empresse de mettre au courant le saint de la promesse du père de l'enfant : une promesse qu'il n'est certainement pas en mesure d'honorer, puisque la brebis qu'il produit – on la montre au saint — a des oreilles ce qu'il y a de plus normal ! Sidi Aïssa regarde la brebis. «Vous n'avez pas une bonne vue, dit le saint, et je ne pense pas que Sidi Yahia manque au serment qu'il vous a fait de produire une brebis dont les oreilles mesurent deux coudées !» Il ordonne qu'on lui apporte la brebis. Il appelle les hommes les plus en vue du douar et leur demande de mesurer les oreilles de la brebis. Les hommes obéissent et, stupéfaits, s'écrient : «Les oreilles ont deux coudées ! — Je vous l'ai dit, il ne fallait pas douter de la parole de Sidi Yahia qui est un homme de Dieu !» On comprend alors que le saint venait de réaliser le prodige car, au départ, il n'y avait pas de doute, les oreilles de la bête étaient normales. Sidi Aïssa prend le fils de Sidi Yahia sur ses genoux et fait pour lui une invocation : «Dieu, fasse que cet enfant devienne un pilier de Ta religion, qu'il la défende contre Tes ennemis et qu'il l'illustre par des actes de piété et de ferveur. Qu'il devienne, lui aussi, un saint homme, toujours à Ton service !» L'enfant n'est autre que le futur Sidi Mohamed El-Khider, qui devait devenir, en effet, un saint réputé de la région. (à suivre...)