Initiative n Le Paradou AC a organisé, hier, à l'hôtel El-Djazaïr d'Alger, une conférence-débat autour d'un thème qui a suscité curiosité, interrogations et même polémique : la pratique du sport pieds nus. La salle El-Djazira de l'hôtel El-Djazaïr (ex-Saint George) a abrité hier dans la matinée une conférence-débat autour d'une thématique qui a fait couler un peu d'encre et de salive, ces derniers temps, à savoir la pratique de l'entraînement pieds nus par les jeunes Académiciens du Paradou AC. Mais au-delà de cette considération liée beaucoup plus à un choix méthodologique et à une philosophie de l'entraînement particulière à l'Académie Jean-Marc Guillou avec laquelle le club du Paradou est en relation contractuelle depuis 2007, et pour une durée de dix ans, les dirigeants de ce club ont saisi cette occasion pour, d'une part, faire le bilan de trois ans de cette première expérience en Algérie et, d'autre part, faire partager celle-ci avec d'autres clubs à la veille du passage de notre football vers le professionnalisme. Après donc une présentation générale sur le choix de l'Académie, le nom donné à celle-ci (El-Ankaoui), le fait de s'entraîner pieds nus, d'évoluer sans gardien de but et des objectifs de ce projet, faites par votre serviteur qui a été sollicité pour assurer la modération de cette conférence, plusieurs thèmes ont été abordés lors de cette initiative fortement saluée par tous les présents. Ainsi, le premier à avoir pris la parole est le président Kheireddine Zetchi qui est revenu dans le détail sur la genèse et l'évolution de ce projet dans un contexte footballistique national qui s'est détourné de l'un de ses éléments fondamentaux : la formation. Depuis 2007, le PAC a pris les devants et surtout ses responsabilités pour mettre en place une Académie qui a accueilli jusque-là deux promotions (l'une en 2007 avec 16 éléments et la seconde en septembre 2009 avec sept nouveaux joueurs) qui font leurs classes pour une durée de sept ans. La parole a été ensuite donnée à Olivier Guillou, l'entraîneur des Académiciens qui a dressé une évaluation technique de 32 mois de travail au sein de cette structure et expliqué tous les choix en matière d'entraînement, d'hygiène de vie et d'avenir pour ces jeunes surdoués du ballon rond, avant de laisser le soin aux autres spécialistes de s'étaler sur d'autres thèmes. Le premier avait trait à l'accompagnement psychologique présenté par Mme Hadj Arab Karima, clinicienne en médecine du sport et psychologue des jeunes académiciens, qui a fait partager sa riche expérience consistant à veiller à l'équilibre, à la scolarité et à l'épanouissement de ces jeunes enfants sortis tout droit de leur cocon familial. Pour sa part, le Dr Bensoltane Zaher, médecin du club, a abordé le risque traumatique chez le jeune footballeur, en prenant le cas de l'Académie à travers son organisation, ses moyens (matériels, salles de soins,…) et un bilan orthopédique objectif concernant les 16 académiciens établi après 30 mois d'entraînement, avec comme objectif entre autres d'établir un programme de prévention sur la base d'informations épidémiologiques. Quant au dernier conférencier, le Pr Arezki Noureddine, chef de service au CNMS et ancien médecin de l'équipe nationale de football, il a mis en exergue la pratique sportive pieds nus qui est en fait loin d'être polémique, mais bien réelle aux vertus insoupçonnées. S'appuyant sur les travaux du Pr Daniel Lieberman, un spécialiste en anthropologie et biologie de l'évolution humaine à l'Université de Harvard, aux USA, le Pr Arezki a battu en brèche les arguments avancés ici et là sur les méfaits de l'entraînement pieds nus, d'autant qu'ils n'ont jamais été accompagnés de preuves scientifiques tangibles. A l'issue de ces présentations enrichissantes les unes que les autres, un débat a été ouvert avec un parterre de présents composé de plusieurs spécialistes en médecine (Pr Boudjemaâ, Dr Gheraïb, Dr Hamlaoui, Dr Belhocine, Dr Hanafi,…), de nombreux techniciens (Mehdaoui, Korichi, Mihoubi, Iaïche, Ifticène, Bira, Echouf, Benzekri, Remane, …) et des personnalités du mouvement sportif national (M. Derrouaz, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, MM. Larfaoui, Bouamra, Dekkar, Mme Benmaghsoula, le représentant du général Mogdad, responsable du sport militaire, …), qui a été à son tour très instructif et d'un haut niveau. Ce qui est certain, c'est que la direction du Paradou a réussi cette première expérience qui en appellera certainement d'autres sur d'autres thèmes liés au développement du football national.