Résumé de la 9e partie n Sidi Aïssa demande à ses disciples de n'invoquer que Dieu : lui seul est en mesure de répondre aux demandes des hommes. Un jour, un des fils de Sidi Aïssa, celui qu'on devait appeler plus tard Sidi El-Djenidi, surveille les troupeaux de son père. Les bêtes vont d'un buisson à un autre, tandis que le jeune homme, assis sous un arbre, médite. Comme son père, il a la crainte de Dieu dans le cœur et partout où il va, il ne cesse de Le louer et de Le magnifier. Brusquement, un nuage de poussière se lève au loin. Le temps qu'El-Djenidi comprenne ce qui se passe, une troupe de pillards arrive sur lui. «Place, crient-ils, nous emportons tes bêtes, écarte-toi si tu ne veux pas mourir !» Mais le jeune homme saisit son bâton, prêt à affronter les bandits. «Je ne vous laisserai pas faire», dit-il, et il lance un cri : «Sidi Abdelkader, rends-moi invincible !» Il avance vers les assaillants, croyant que par la baraka du saint qu'il vient d'invoquer, ils n'auront aucun pouvoir sur lui. Il agite son bâton, assomme deux ou trois hommes, mais un autre, saisissant son épée, le transperce de part et d'autre. Il tombe sur le sol, grièvement atteint. Les pillards, eux, poussent le troupeau devant eux. Quelques instants après, Sidi Aïssa, averti par des passants, arrive. Il trouve son fils agonisant. «Que t'est-il arrivé ? demande-t-il, très ému. —Père, j'ai été attaqué par des pillards... Il ajoute d'une voix faible : j'ai appelé Sidi Abdelkader à mon secours, je lui ai demandé de me rendre invincible pour affronter les attaquants, mais il n'a pas écouté ma prière !» Sidi Aïssa s'emporte aussitôt : «Quoi ? Tu as évoqué Sidi Abdelkader ! — J'ai cru bien faire, dit le jeune homme, qui perd son sang. — Tu as invoqué Abdelkader, le serviteur du Puissant au lieu d'invoquer El-Kader, Le Puissant lui-même ? Tu as fait là une erreur fatale !» Et il a ce mot qui est resté célèbre : «El-Kader khayr mn Abd Al-Kader» (Le Puissant est meilleur que le serviteur du Puissant). Le jeune homme, vidé de tout son sang, meurt. Sidi Aïssa est mort très vieux. On raconte que les dernières années de sa vie, il était perclus de rhumatismes et ne pouvait se mouvoir. Ses disciples le transportaient dans une gasaâ, le grand plat en bois où les femmes pétrissent le pain et roulent le couscous. Sidi Aïssa est mort à un âge avancé, laissant plusieurs enfants qui ont été également des saints, les plus célèbres étant Sidi Tayeb et Sidi Belhout. Un mausolée a été élevé à la place où il a été enterré.