Résumé de la 102e partie n Alors que miss Chadwick se rend au pavillon des sports, Ann Shapland dîne avec Dennis au Nid Sauvage... Elle souffre simplement de confusion mentale. Elle oublie où elle est, et qui elle est, et elle s'en va pour de longues promenades. Et alors, à tous les coups, elle saute dans un tram ou dans un bus, et elle part pour n'importe où, et... Bon, tout cela est très difficile, vous voyez. Parfois, une seule personne ne suffit pas à faire face, mais elle est très heureuse, même en pleine confusion. Et quelquefois, elle en plaisante. Je me souviens de l'avoir entendue dire : «Ann, ma chérie, c'est vraiment très embarrassant. Je savais que j'étais en route pour le Tibet. Et puis, j'étais là, assise dans cet hôtel de Douvres sans savoir le moins du monde comment m'y rendre. Alors, je me suis demandé pourquoi j'allais au Tibet. Et j'ai pensé que je ferais mieux de rentrer à la maison. Mais je ne pouvais pas me rappeler depuis quand j'étais partie. Ne pas pouvoir se souvenir des choses, chérie, c'est réellement très embarrassant.» Maman racontait tout cela de manière très amusante, vous savez. Je veux dire qu'elle voit très bien elle-même le côté drôle des pires situations. — Je n'ai jamais fait sa connaissance, dit Dennis. — Je n'encourage pas les gens à la rencontrer. Je crois que c'est le minimum que l'on ait le devoir de faire pour ceux qu'on aime. Les protéger de... eh bien, de la curiosité et de la pitié. — Ce n'est pas de la curiosité, Ann. — Non, je ne crois pas que, chez vous, ce serait de la curiosité. Mais ce serait de la pitié. Et cela, je n'en veux pas. — Je ne vois pas ce que vous entendez par là. — Mais si vous croyez que cela m'ennuie d'abandonner un poste de temps en temps et de rentrer à la maison pour une durée indéfinie, c'est non. Je n'ai jamais aimé m'impliquer trop profondément dans quoi que ce soit. Pas même quand j'ai décroché mon premier travail, après ma formation de secrétaire. Je pensais que ce qui comptait, c'était de devenir une réellement bonne professionnelle. Parce que, quand on est vraiment bonne, on peut choisir sa situation. On voit ainsi des lieux différents, et des modes de vie différents. En ce moment, j'observe la vie de collège. Le meilleur collège d'Angleterre vu de l'intérieur !... J'y resterai, j'imagine, un an et demi. — Vous ne vous engagez jamais, n'est-ce pas, Ann ? — Non, répondit-elle, songeuse, je ne crois pas. Je pense que je fais partie de ceux qui sont des observateurs nés. Un peu comme si j'étais un commentateur de radio. — Vous êtes si détachée, confirma Dennis, très sombre. Vous n'aimez réellement rien, ni personne. — Cela viendra un jour, l'encouragea-t-elle. — Je crois comprendre plus ou moins comment vous pensez et réagissez. — J'en doute. (à suivre...)