Sondage n Le lendemain, le roi se rend au souk, avec des soldats de sa garde. Les gens, qui n'ont pas l'habitude de le voir au marché, sont surpris. Il était une fois un grand roi – il n'y a de grand que Dieu – qui aimait beaucoup les énigmes. Il passait son temps à en collecter et à en poser à ses courtisans. Il avait l'art de chercher les énigmes les plus difficiles et à piéger les gens. ceux qui répondaient à ses questions étaient abondamment récompensés, mais ceux qui ne trouvaient pas de réponses étaient fouettés. «La prochaine fois, disait-il, tu réfléchiras…» Un jour, il se dit que les gens qu'il côtoie – des notables – ne sont pas suffisamment intelligents pour trouver ses énigmes, il a l'idée de descendre au milieu du peuple. Il en parle à son vizir qui s'écrie : — Majesté, vous n'avez pas idée ! — et pourquoi donc ? dit le souverain. — parce que le peuple est abruti et ne saurait répondre à vos énigmes ! Le roi fronce les sourcils. — c'est plutôt vous, les courtisans, qui êtes des abrutis ! Demain, je vais me rendre au souk ! Nous verrons bien si le peuple est aussi abruti que tu le dis ! Le lendemain, il se rend au souk, avec des soldats de sa garde. Les gens, qui n'ont pas l'habitude de voir leur roi au marché, sont surpris. — le roi est là ! Les gardiens du souk, qui croient à une inspection surprise, s'affolent. Ils s'efforcent de repousser les gens pour donner passage au roi. Du haut de son cheval, celui-ci regarde la foule, amusé par la surprise qu'il a créée. — mes chers sujet, commence-t-il. on s'arrête aussitôt de parler et on attend que le roi donne les raisons de sa présence au souk. il laisse persister le suspense, puis il continue. — aujourd'hui, je suis venu vous poser une énigme… Il y a un murmure dans la foule. On connaît bien la passion du roi pour les énigmes, mais se demande si cela valait la peine qu'il descende au marché ! — c'est une énigme qui n'est pas facile, dit le roi, mais je saurais récompenser celui qui trouvera la solution… Un boisseau de pièces d'or ! Des voix fusent aussitôt. — donnez votre énigme, majesté ! — nous vous écoutons ! Mais le roi n'a pas fini. — En revanche, celui qui avance une fausse réponse, je le châtierai… en lui coupant la tête ! Il y a un autre murmure. — alors je vous donne mon énigme ? Personne n'ose parler, mais un chaouch, qui travaille au marché, répond distraitement. — oui, Votre majesté. Le roi sourit. — tu veux répondre toi ? — majesté, s'affole le pauvre homme… (à suivre...)