Quelle belle affiche ce soir, pour le compte de la seconde journée du groupe G ! D'un côté, les virtuoses brésiliens formatés par le charismatique Carlos Dunga, un adepte de la défense au pays du «Joga Bonito», et de l'autre les Eléphants de Côte d'Ivoire qui, pour la particularité, renferment un bon nombre d'académiciens, ces footballeurs issus du centre de formation Sol Béni JMG d'Abidjan. Les Yaya et Kolo Touré, Mahamadou Diarra, Aruna Dindane, Bakary Koné, Gervinho, et tant d'autres Didier Zakora sont tous passés par la structure mise en place en 1994 par l'ancien international français Jean-Marc Guillou et qui, quelques années après, a porté ses fruits, puisque la Côte d'Ivoire s'est assuré deux qualifications consécutives pour le Mondial. Une brillante génération qui voudrait marquer son passage après avoir raté le titre continental à trois reprises (finalistes, demi-finalistes et quarts de finalistes) et qui n'aimerait pas être prise pour une espèce d'étoile filante, malgré un immense potentiel. Pour bon nombre d'observateurs, la Côte d'Ivoire n'a toujours pas trouvé le bon sélectionneur qui réussirait à faire de ces excellentes individualités, une formation débordante et un collectif conquérant. Pourtant, le Bosniaque Vahid Halilhodzic, engagé en 2008, avait réussi à qualifier la sélection à la CAN et à la Coupe du monde-2010 haut la main. Mais la défaite en quarts de finale du rendez-vous angolais face à l'Algérie (2 à 3), a mis à nu le manque de cohésion et les rumeurs sur une équipe scindée en clans. Depuis, Halilhodzic a quitté la sélection ivoirienne pour laisser sa place au Suédois Sven-Göran Eriksson, nommé fin mars dernier, qui aura la lourde tâche de remettre de l'ordre dans la maison et de donner des ailes à la seule sélection africaine capable de rivaliser avec les autres ténors de la planète, surtout que trois représentants du continent, l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Cameroun, sont déjà hors course. Le Ghana préserve ses chances, après le nul que lui a imposé, hier, une Australie réduite à dix, la Côte d'Ivoire sera devant ses responsabilités, ce soir face au Brésil, alors que l'Algérie est entrée dans l'histoire lors du dernier match contre l'Angleterre en alignant une équipe exclusivement formée de joueurs professionnels, où seul le défenseur Rafik Halliche est issu d'une formation typiquement algérienne dans l'un des grands clubs, le NA Hussein-Dey, qui, malheureusement, rétrograde en deuxième division. Tout une symbolique. C'est une des raisons qui ont poussé les dirigeants du Paradou AC qui ont compris que le renouveau du football algérien passerait inéluctablement par un retour aux sources du succès : le travail de formation. En optant pour l'académie avec la collaboration de Jean-Marc Guillou, le Paradou espère offrir à l'Algérie une nouvelle génération de footballeurs doués comme le promet le concepteur français du jeu pieds nus : «Dans quelques années, l'équipe d'Algérie viendra de notre académie.» Guillou pèse bien ses mots, et, au ministère de la Jeunesse et des Sports, on a bien compris le message, surtout après avoir pris connaissance du travail qu'effectue le Paradou et vu de plus près la qualité de ses jeunes footballeurs. Les ponts vont être jetés entre les deux parties pour une collaboration afin de prendre en charge sérieusement le volet formation et s'assurer un avenir plus radieux. Un beau et possible pari.