Réflexion n Malraux, qui était un grand visionnaire, a dit un jour que le XXIe siècle sera spirituel ou ne le sera pas. Mais de quelle planète parlait-il ? Un simple tour d'horizon, pour peu que l'on rembobine l'histoire depuis ces cinquante dernières années, nous renvoie à la figure, la triste spiritualité que des hommes et des femmes vont chercher ailleurs. En Occident, des églises sont quasiment désertées et des vocations se tarissent. Les séminaristes se font rares, la messe dominicale fait difficilement le plein et pour attirer les fidèles, certains prêtres, à l'image des évangélistes américains n'hésitent pas à remplacer l'orgue et les requiems religieux par la musique Pop !… Tout le monde chante et bat des mains. Des catholiques qui ont perdu la foi et parfois qui ne l'ont jamais eue, font leurs «emplettes et leur marché» spirituels en Asie. Au Népal, sur les chemins de Katmandou, en Inde, en Birmanie des milliers d'Européens essayent de se ressourcer chaque année dans les monastères bonzes ou au pied des statues dorées de Bouddha. Quelques-uns se retrempent dans les eaux froides du Gange à la manière des intouchables dans l'espoir que Brahma ou vishnou les inspire. Quelque chose apparemment leur échappe dans la vie de tous les jours, quelque chose qu'ils ne maîtrisent pas et qui les dépasse. Ainsi sur le plan médical par exemple, des touristes vont chercher au fond de l'Afrique profonde, auprès d'un sorcier, à l'ombre d'un baobab la guérison qu'ils ne trouvent pas en Europe ou l'envie de vivre qu'ils ont perdue. D'autres, sur les recommandations de leur voisin de palier, un camerounais ou un sénégalais, traversent tout le continent pour se faire exorciser ou enlever le mauvais sort jeté contre eux par un ami envieux ou des collègues de travail jaloux. Alors que toutes les maladies de la planète sont répertoriées et battues en brèche par des remèdes conventionnels tels que les vaccins préventifs ou les sérums curatifs, voilà qu'ils découvrent qu'ils sont loin du compte et que de nouvelles maladies prennent le relais des anciennes telles que le choléra, la tuberculose, la malaria, la rage ou la diphtérie. Le virus du sida décime des familles entières, les morts se comptent par milliers, par millions. Tout ce qui était permis jusque-là et qui faisait le «charme» de leur existence devient aussitôt suspect, interdit. Ce maudit VIH arrive pour sonner comme un tocsin et prévenir les hommes et les femmes qu'ils faisaient fausse route sur le chemin de la perversion sexuelle. Apparemment, l'exemple de Sodome et Gomorrhe détruites dans l'antiquité pour les mêmes travers n'a pas encore totalement convaincu. Mais d'autres surprises, bien plus étonnantes, attendent une planète complètement disjonctée qu'il sera difficile de guérir.