Les Uruguayens aiment souffrir : ils ont été servis pour la première qualification de la Celeste en demi-finale d'un Mondial depuis 1970, obtenue aux tirs au but contre le Ghana, qui a fait sombrer la douce Montevideo dans une folie incroyable. Klaxons, feux d'artifices et cris de joie n'ont cessé de retentir après le tir au but final inscrit par Sebastian «El Loco» (le fou) Abreu d'une «panenka», comme lors d'un précédent match de sélection dont les images tournent actuellement en boucle dans une publicité en Uruguay. Pour son premier quart de finale depuis 40 ans, le petit pays sud-américain de 3,5 millions d'habitants avait enfin vu les choses en grand: trois écrans géants à travers Montevideo, dont un sur la plaza Indepencia, au cœur de la capitale. La circulation avait été coupée autour de cette place dominée par la statue du héros national José Artigas, remplacé ce soir dans le cœur des Uruguayens par Abreu, le gardien Fernando Muslera, qui a arrêté deux tirs au but, ou Luis Suarez, qui s'est sacrifié en arrêtant le ballon de la main sur sa ligne, une faute synonyme de carton rouge et de penalty... raté par le Ghana. Quand la frappe de Gyan a heurté la barre, le hurlement de joie de la foule a été encore plus fort que lors de l'égalisation de Diego Forlan sur coup franc (55). Même après l'ouverture du score, le gros millier de supporteurs réuni sur la place avait immédiatement repris ses cris d'encouragement en faveur de son équipe, qui rêve d'imiter ses devancières championnes du monde en 1930 et 1950. A la fin du match, la nuit ne faisait que tomber à Montevideo. La fête n'est pas près de se terminer.