Billet n L'Uruguay et les Pays-Bas, seules équipes encore invaincues dans ce Mondial, vont se disputer le premier billet pour la finale. Pour les Uruguayens comme pour les Néerlandais, ce match représente une formidable occasion de s'affirmer de nouveau dans la hiérarchie mondiale. La Celeste a brandi deux fois le trophée (1930 et 1950) et a fini quatrième en 1954, mais n'est passée qu'une seule fois par la case «demi-finales», en 1970. Depuis, c'est le vide en Coupe du monde. Les Oranje courent, eux, toujours après leur première étoile. Ils peuvent atteindre la troisième finale de Coupe du monde de leur histoire, après celles de 1974 et 1978, l'époque du «football total». C'est d'ailleurs en 1978, en phase de poules, qu'a eu lieu le seul affrontement entre les deux équipes lors d'un Mondial : les Pays-Bas s'étaient imposés (2-0) grâce à un doublé de Johnny Rep. Leur parcours. L'une des deux formations arrivera invaincue en finale. En effet, aucune d'entre elles n'a perdu le moindre match dans ce Mondial. Mention spéciale aux Néerlandais, qui ont remporté leurs cinq matches dans la compétition, et restent d'ailleurs sur neuf victoires d'affilée en tenant compte des matches de préparation. Les Oranje ont inscrit 9 buts (pour 3 encaissés), tandis que l'Uruguay a visé juste à 7 reprises (2 buts encaissés). Près de la moitié des buts inscrits par chacune des sélections a été l'œuvre d'un joueur : Diego Forlan d'un côté (3 buts), Wesley Sneijder (4) de l'autre. Leurs trajectoires présentent quelques similitudes, comme celle d'avoir été déclaré persona non grata dans un club (Forlan à Manchester United, Sneijder au Real Madrid), et, surtout, d'avoir brillé sur la scène continentale cette saison. L'attaquant uruguayen a porté l'Atletico Madrid vers le sacre en Ligue Europa, avec notamment un but en prolongation à Anfield pour éliminer Liverpool en demi-finale, puis un doublé en finale face à Fulham (2-1). Sneijder, arrivé l'été dernier à l'Inter Milan, a métamorphosé le jeu lombard et contribué à l'incroyable triplé (Championnat, Coupe et Ligue des Champions) réussi par le club. Le petit meneur de jeu a signé les deux buts des Pays-Bas contre le Brésil (2-1) lors du tour précédent. Expulsé pour son «sauvetage» tel un gardien face au Ghana en quarts de finale, Luis Suarez est suspendu pour ce match. Pour le remplacer, Oscar Tabarez devrait faire appel à Alvaro Pereira, ce qui ferait remonter Diego Forlan d'un cran, pour former le duo d'attaque avec Edinson Cavani. Le défenseur latéral gauche habituel, Jorge Fucile, est, lui aussi, suspendu. Blessés, Nicolas Lodeiro a mis fin à son Mondial tandis que Diego Lugano est incertain suite à une entorse de la cheville. Bert van Marwijk doit aussi composer sans deux joueurs suspendus, le latéral droit Gregory van der Wiel et le milieu défensif Nigel de Jong. Devraient les remplacer, Khalid Boulahrouz et Demy de Zeeuw. Une incertitude plane quant à l'éventuelle titularisation de Rafael van der Vaart, dans le couloir gauche ou en relayeur à la place de De Jong. Blessé à l'échauffement avant le quart contre le Brésil, Joris Mathijsen devrait retrouver la charnière centrale. Les équipes probables Uruguay : Muslera - M. Pereira, Victorino, Godin, M. Caceres - D. Perez, Gargano, Arevalo Rios, A. Perreira - Forlan (cap.), Cavani Pays-Bas : Stekelenburg - Boulahrouz, Heitinga, Mathijsen, van Bronckhorst (cap.) - van Bommel, de Zeeuw (ou van der Vaart) - Robben, Sneijder, Kuyt - Van Persie Tabarez : «C'est gigantesque» En conférence de presse lundi, le sélectionneur uruguayen Oscar Tabarez est revenu sur l'engouement que suscite la Celeste avant sa demi-finale de Coupe du Monde. «Nous sommes face à une grande responsabilité. Cela fait 40 ans que nous n'étions pas arrivés en demi-finales. Et il y a des gens en Uruguay, des enfants, des jeunes, qui n'avaient jamais vu une chose pareille. Ailleurs, personne ne croyait que ça pouvait arriver. Ce Mondial, c'était comme une fête à laquelle nous n'étions pas invités, mais maintenant, pour avoir le droit d'y rester, ça dépend de nous. Je suis heureux de jouer ce match, pour moi et mes joueurs, c'est incroyable, c'est gigantesque. Des millions de gens dans le monde et en Uruguay vont regarder ce match. C'est un défi et un immense bonheur», a-t-il reconnu. Van Marwijk : «C'est une équipe dangereuse» Bert van Marwijk, le sélectionneur des Pays-Bas, se méfie de l'Uruguay. Avant le match face à l'Uruguay, le sélectionneur des Pays-Bas, Bert van Marwijk, craint la «passion» des joueurs de la Celeste, qui en fait une «équipe très dangereuse». «En début de tournoi, j'avais dit à mes joueurs qu'il s'agissait d'une équipe à prendre en exemple, a-t-il expliqué. Chaque équipe possède son point fort, et pour l'Uruguay c'est la passion». Cependant, le technicien néerlandais garde une totale confiance en son équipe, «Dimanche à l'entraînement, les joueurs étaient un peu fatigués. Après, ils avaient déjà retrouvé de la fraîcheur. Ils sont tous très bien préparés». Revenant sur les critiques qui soulignent le manque de spectacle produit par les Oranje, Bert van Marwijk estime simplement que son équipe a acquis une certaine «discipline» sur le terrain. «On n'a pas gagné par accident contre de grandes équipes comme le Brésil (2-1). Si on marque des buts, c'est qu'on se créé des occasions. Mais il ne suffit pas d'être flamboyant par séquences». Cavani en confiance Devenu titulaire à part entière depuis quelques matches avec l'Uruguay, Edinson Cavani estime que son équipe est capable de battre les Pays-Bas ce mardi en demi-finales de la Coupe du Monde. Interrogé par le Corriere dello Sport, Edinson Cavani croit en une possible qualification de l'Uruguay en finale. «Nous pouvons le faire. La majorité de nos joueurs joue en Serie A, en Liga. Il y a de l'expérience, de la qualité et de la jeunesse. Je pense que ce match contre les Pays-Bas sera équilibré et nous pouvons le gagner». Un héros nommé Muslera Décisif face au Ghana en quarts, Fernando Muslera attend l'armada néerlandaise avec confiance et ambition. Depuis l'été dernier, l'ascension du gardien uruguayen est fulgurante. En repoussant deux tirs au but ghanéens en quarts de finale, Fernando Muslera a été élevé au rang de héros national en Uruguay. Un gardien à l'état d'esprit plus qu'exemplaire, qui n'a pas hésité à se mettre à dos ses propres supporters pour éviter une lourde défaite à son équipe. C'était le 2 mai dernier, et pour empêcher la Roma de croire encore au scudetto, la Lazio devait s'incliner face à l'Inter. Mais Muslera, le portier laziale, n'a pas accepté de se coucher face aux attaquants milanais. Résultat, des arrêts de grande classe mais les sifflets du stadio Olimpico, qui lui réclamait de «se pousser du but»... Au final, l'Inter a tout de même remporté le match (2-0), mais Muslera n'y a pas perdu son honneur. Pour sa première saison pleine avec la Lazio depuis son arrivée au mois d'août 2007, le gardien uruguayen s'est même installé parmi les meilleurs de Serie A. Mais il ne s'est pas arrêté là, et confirme depuis le début de la Coupe du monde tout le potentiel affiché dans la Ville Eternelle. A tout juste 24 ans (il les a fêtés le 16 juin dernier) et à peine 11 sélections, Fernando Muslera commande déjà sa défense comme un patron. Très bien entouré par une solide arrière-garde, le joueur formé aux Wanderers de Montevideo n'a encaissé que deux buts depuis le début de la compétition, meilleur total des équipes encore en lice avec l'Allemagne. Loin de se reposer sur ses défenseurs, Muslera a su se montrer décisif dès que la pression s'est accentuée. En huitièmes de finale, déjà, il avait repoussé une tentative de dernière minute du Sud-Coréen Lee Dong-gook pour préserver la qualification de la Celeste (2-1). Bien que trompé par la trajectoire du ballon sur le but de Sulley Muntari, Muslera s'est encore montré décisif face au Ghana en quarts de finale. Il a été suppléé par Luis Suarez à la dernière seconde de la prolongation, histoire de voir le penalty d'Asamoah Gyan s'écraser sur sa transversale, avant de repousser deux tirs au but ghanéens. De quoi l'élever au rang de héros national. Il pourrait carrément devenir un dieu vivant s'il poursuivait son ascension ce mardi, face aux Pays-Bas. Huntelaar : «Un bon pressentiment» l Klaas-Jan Huntelaar, auteur d'un but dans le tournoi, espère marquer le but décisif lors de la finale de la Coupe du monde. Pourtant relégué sur le banc au profit de Robin van Persie, l'attaquant des Pays-Bas Klaas-Jan Huntelaar se verrait bien inscrire le but décisif de son équipe en finale du Mondial sud-africain. «J'ai un bon pressentiment», a-t-il expliqué au site internet nusport.nl. Peu utilisé par le sélectionneur Bert van Marwijk, le buteur du Milan AC devra saisir sa chance au moment opportun s'il veut atteindre cet objectif, tout en comptant sur une victoire des Oranje contre l'Uruguay, ce mardi. Ravshan Irmatov dirigera la demi-finale Ce sera le cinquième match du tournoi officié par Ravshan Irmatov, qui avait notamment arbitré le match d'ouverture entre l'Afrique du Sud et le Mexique. Il avait ensuite dirigé les rencontres Angleterre - Algérie, Argentine - Grèce et le choc Allemagne - Argentine en quarts de finale. L'assistant, Viktor Kassai, lui, arbitrera sa quatrième rencontre du Mondial. Auparavant, il avait officié Brésil - Corée du Nord, Mexique - Uruguay et le 8e finale entre le Ghana et les Etats-Unis. Que disent leurs hymnes nationaux? Paroles n L'une des nombreuses particularités d'une Coupe du monde, c'est aussi l'intonation, avant le début de chaque rencontre, des hymnes nationaux. Un moment solennel, de grande émotion et surtout d'immense communion entre les joueurs et leurs supporters, même à des milliers de kilomètres. A la veille du Mondial-2010, Karim Ziani évoquait, dans une interview, l'hymne national et l'effet qu'il avait sur lui lorsqu'il est sur le terrain, comment il le boostait à fond. Le meneur de jeu algérien a même dit que quand il entendait Qassaman, il ne pensait plus ni à une blessure, ni à un manque de compétition. Cela peut paraître un peu exagéré, mais il y a une bonne part de vérité dans ce que dit Ziani, car on l'a souvent vu, lui, et ses coéquipiers enlacés, debout se tenant les uns aux autres se laissant traverser par ce courant qui vous emporte jusqu'aux cieux. Un hymne national vous transcende, vous met en branle prêt pour le combat, vous remue les entrailles et suscite en vous le dépassement de soi. C'est pourquoi, nous nous sommes intéressés à ce que disent les hymnes et leur histoire à travers un petit travail de recherche. L'on saura ainsi que, par exemple, l'Espagne, championne d'Europe en titre, demi-finaliste et grande favorite pour le sacre final n'avait pas de paroles pour son hymne national car la Marcha Real (la Marche Royale) est juste une symphonie pour laquelle la tentation de la doter de paroles a échoué ; que l'hymne néerlandais était le plus ancien de tous les Européens, puisque remontant entre 1568 et 1572 durant la guerre des Quatre-vingts ans, alors que celui du Japon trouverait ses origines à l'ère Kamakura, même si la musique a été ajoutée au début du XXe siècle et qu'il est devenu officiel rien qu'en 1999. Lors de la confrontation entre l'Algérie et l'Angleterre, on a eu droit au fameux God save the Queen, (Dieu sauve la reine), qui a été repris par plus de quarante mille supporters, le second plus important contingent après les Américains, du stade le Green Point du Cap, auxquels les 4 000 fans des Verts ont fait face en entonnant Qassaman. Et c'est ainsi que nous avons eu droit à toutes les expressions émotionnelles et gestuelles comme le bras droit bien en face de la poitrine des Mexicains ou la main sur le cœur des Brésiliens, voire les bras enlacés sur les épaules d'autres équipes. Certaines, c'est carrément la main dans la main, alors que d'autres se tournent vers le drapeau pour reprendre l'hymne national. Il y a également les polémiques qui entourent la connaissance des paroles de tel ou tel autre hymne, puisque plusieurs sélections ont eu droit à des attaques concernant certains joueurs qui n'auraient pas appris par cœur les couplets, comme ce fut le cas avec l'équipe de France, il y a quelques années, ou bien, tout récemment, lors de la double confrontation égypto-algérienne où certaines Chaînes du Nil avaient accusé les joueurs «émigrés» des Verts de ne rien connaître à ce sujet. Ce qui est complètement faux. C'est dire toute l'émotion et toute la ferveur qui entoure la séance de ces hymnes qui peuvent être repris même au cours de la rencontre lorsque l'équipe connaît une mauvaise passe afin de la booster ou bien lorsqu'elle mène, pour bien afficher sa fierté de la nation. Ce qui est certain, c'est que Qassaman a retenti à trois reprises lors de ce Mondial, ce qui a fait la fierté des plus patriotes parmi nous tous, mais découvrons également les autres hymnes, du moins ceux des quatre pays qui animeront les demi-finales ainsi que celui du pays organisateur, l'Afrique du Sud. Uruguay Orientales, la patria o la tumba (Uruguayens, la patrie ou la mort !) Uruguayens, La patrie ou la mort ! Libérez ou mourrez avec gloire ! C'est la voix que l'âme prononce, Et qu'héroïques nous saurons accomplir Paroles de Francisco Acuna de Figuerora, écrites en 1833, mises en musique par Francisco José Debali, en 1848. Premier champion de l'histoire et dernier qualifié pour cette Coupe du monde, l'Uruguay compte jouer les trouble-fêtes et aller le plus loin possible dans une compétition qui lui souriait moins depuis bien longtemps. Unité, justice et liberté Pour la Patrie allemande ! Tendons tous vers cela, Fraternellement, avec le cœur et la main … Paroles d'August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, écrites en 1841, musique de Joseph Haydn. Pour des raisons politiques, les deux premiers couplets ne sont jamais chantés lors des occasions officielles. Toujours présente dans les grands événements, troisième du Mondial-2006, finaliste de l'Euro-2008, l'Allemagne a les possibilités de s'asseoir de nouveau sur le toit du monde. Guillaume de Nassau je suis, de sang germanique A la patrie fidèle Toujours, jusqu'au trépas je suis prince d'Orange Et reste franc sans peur Du souverain d'Espagne j'ai maintenu l'honneur (…) Ecrit en 1570 par, on présume, Philippe de Marnix sur une musique d'Adrianus Valerius, «Het Wilhelmus» est dédié au prince Guillaume d'Orange dit Guillaume-le-Taciturne, qui mena la lutte pour l'indépendance contre le roi d'Espagne Philippe II. Première équipe qualifiée au Mondial, les Pays-Bas restent sur 20 matchs sans défaites dans les éliminatoires et se placent comme l'un des favoris au sacre avec une attaque foudroyante et une défense enfin retrouvée. L'hymne espagnol est l'un des plus vieux d'Europe puisque son origine remonterait à 1761. Il est aussi l'un des rares à ne pas comporter de paroles officielles. Sous Alphonse XIII, des couplets ont été adoptés mais jamais officialisés. Fin 2007, le Comité olympique espagnol a lancé un concours pour enfin doter cet hymne de paroles officielles. Les propositions ont afflué. Toutefois, devant l'accueil mitigé qu'a reçu le texte choisi, le Comité olympique l'a abandonné. Par ailleurs, la Roja est peut-être la première équipe européenne à pouvoir espérer décrocher le titre mondial grâce à une génération de joueurs exceptionnels qui lui ont déjà permis d'arracher l'Euro-2008 haut la main. Stekelenburg chambre Suarez «Je lui ai envoyé un SMS disant qu'il était le meilleur gardien du tournoi» a déclaré, un brin moqueur, Maarten Stekelenburg, le gardien néerlandais, à propos de Luis Suarez suite à la main de l'attaquant uruguayen en quarts de finale face au Ghana. Le joueur est surtout soulagé de ne pas retrouver son coéquipier en club face à lui ce mardi en demi-finale du Mondial. «C'est quelque chose d'important qu'il ne puisse pas jouer. Il est toujours une menace», a confié Stekelenburg au quotidien néerlandais De Telegraaf, après avoir vu Suarez martyriser les défenses du championnat des Pays-Bas cette saison. Sneijder allume Dunga et Maradona Dans le magazine néerlandais Helden et alors qu'il évoquait son sélectionneur Bert Van Marwijk, Wesley Sneijder n'y est pas allé par quatre chemins pour qualifier Diego Maradona et Dunga. Le numéro 10 des Oranje a tout simplement qualifié les deux sélectionneurs de l'Argentine et du Brésil «d'idiots». «C'est super d'avoir quelqu'un comme Van Marwijk qui réussit à te donner de la sérénité et qui ne te transmet pas la panique. Après une première période difficile contre le Brésil, nous avons réussi à rester tranquilles. Je préfère avoir Van Marwijk sur le banc, plutôt que deux idiots comme Maradona ou Dunga», a déclaré Sneijder, auteur de quatre buts depuis le début de la Coupe du monde.