Résumé de la 107e partie n Des preuves d'évasion fiscale sont réunies contre Al Capone, mais le gangster décide de plaider coupable, en échange d'une peine légère, et le procureur accepte. On s'est beaucoup interrogé sur cet arrangement, certains se sont même demandé si Al Capone n'avait pas acheté les magistrats. En réalité, le procureur Johnson a étudié l'affaire et il s'est dit qu'elle présente trop de risques. Les deux principaux témoins de l'affaire, les deux comptables, Leslie Shumway et Fred Weiss sont sous la protection de la police, mais on sait que Al Capone dispose de complicité au sein même de la police et qu'il n'est pas exclu qu'il les fasse assassiner. On n'est pas sûr que l'ordonnance de limitation de six ans pour les enquêtes sur l'évasion fiscale soit acceptée par la cour. Une cour d'appel vient de rendre une décision sur une ordonnance de limitation à trois ans. Par ailleurs, on vient d'apprendre qu'une liste de jurés potentiels commence à circuler et que les hommes de Capone tentent déjà de les soudoyer. Alors, les preuves réunies contre Capone risquent de ne pas peser lourd dans la balance et le gangster peut tout simplement être acquitté : ce serait pour lui le triomphe et un encouragement certain pour les criminels ! Capone, à qui ses avocats révèlent ces arguments, jubile : même s'il est envoyé en prison pour quelques années, il sort vainqueur de cette confrontation avec la loi ! Les autorités, qui veulent mettre fin à sa carrière en l'envoyant pour de longues années en prison, ont lamentablement échoué ! Il est tout souriant quand, le 16 juin 1931, il se rend au tribunal. Il y a foule et les journalistes l'entourent, lui demandant son avis sur l'issue du procès. Le juge Wilkerson, qui préside le tribunal, est un homme réputé pour sa sévérité mais il n'impressionne pas beaucoup le gangster. Il plaide coupable : le juge lève aussitôt la séance, la reportant au 30 juin. Il croyait en finir tout de suite avec ce procès mais voilà qu'il va devoir attendre. Ses avocats lui expliquent que c'est la procédure habituelle. Quand il reviendra, le 30 juin, ce sera pour entendre la sentence. Une peine légère, comme convenu avec le procureur Johnson. Cependant, à la sortie du tribunal, les journalistes l'assaillent. — Etes-vous inquiet ? demande l'un d'eux. — Inquiet ? répond-il. Pourquoi serais-je inquiet ? J'ai confiance dans la justice de mon pays et dans mes avocats ! Le 30 juin, il se présente de nouveau au tribunal. Comme à son habitude, il est habillé avec élégance et un large sourire illumine son visage. Le juge Wilkerson va prononcer la sentence – une peine légère comme convenu avec le procureur – et l'on évitera le procès. Mais le juge ne prononce pas les mots qu'attendent Al Capone et ses avocats. — J'ai entendu les recommandations du procureur Johnson mais je n'y souscrirai pas ! Il est temps de démontrer aux organisations criminelles qu'elles ne peuvent pas influer sur les décisions d'une cour fédérale ! Al Capone comprend aussitôt que l'accord passé avec le procureur tombe à l'eau et qu'il risque, en continuant à plaider coupable, de se faire condamner à la peine maximum. Le juge Wilkerson ne plaisante pas et apparemment il cherche à le faire condamner. — Alors, demande le juge, continuez-vous à plaider coupable ? Capone consulte ses avocats et donne sa réponse. — Non, votre honneur, je plaide non coupable. Le juge lève la séance et annonce le procès pour le 6 octobre suivant. (à suivre...)