Le premier Mondial qui s'est déroulé en Afrique a vu la première consécration de l'Espagne. La furia Roja, grâce à une réalisation signée Iniesta, a surclassé hier soir les Pays-Bas marquant ainsi de son empreinte cette édition. Au moment où Madrid délire, Amsterdam plonge dans la déception après une troisième finale ratée. Une consécration venue après sa victoire en finale face aux Pays-Bas, dans un match disputé au stade de Soccer City de Johannesburg en Afrique du Sud. Comme ce fut le cas lors de la finale du Mondial-2006 en Allemagne, les deux équipes finalistes ont dû recourir à la prolongation qui a finalement souri à l'Espagne, plus réaliste que les Pays-Bas, qui avaient la possibilité de gagner en temps réglementaire. Comme ce fut le cas lors de la finale de 1974 face à l'Allemagne (2-1), et en 1978 devant l'Argentine (3-1, a.p), les Pays-Bas ont perdu ainsi leur troisième finale de leur histoire, sans pour autant démérités grâce à une nouvelle génération menée par Wesley Sneijder. La sélection espagnole a entamé le match sur les chapeaux de roue, et aurait pu parvenir à ouvrir la marque par l'entremise de Sergio Ramos (4'), qui a vu sa reprise de la tête stoppée magistralement par le portier des Pays-Bas Stekelenburg. L'orage espagnol passé, les coéquipiers du maestro Wesley Sneijder sont parvenus à équilibrer les débats en développant leur propre jeu basé essentiellement sur la rapidité d'exécution, ce qui a permis à l'équipe Oranje de dicter sa loi, sans pour autant réussir à prendre à défaut le gardien de but espagnol. Il est vrai que la bataille tactique entre d'un côté Vicente Del Bosque et Bert van Marwijk, de l'autre, était très perceptible avec une prudence et un engagement parfois exagéré du côté des joueurs néerlandais, ce qui a poussé l'arbitre anglais Howard Webb à brandir plusieurs cartons. Lors du temps additionnel (45'+1), Arjen Robben était à deux doigts de tromper la vigilance d'Iker Casillas, n'était le sauvetage in extremis de ce dernier qui a pu dévier le tir puissant du Néerlandais en corner. En deuxième mi-temps, le jeu s'est équilibré avec des occasions de scorer de part et d'autre, dont la plus évidente est à mettre à l'actif des Pays-Bas par l'intermédiaire d'Arjen Robben qui a raté son face-à-face avec Casillas (61'), suite à une passe «caviar» de Sneijder, au grand dam des supporters néerlandais qui n'en croyaient pas leurs yeux. Le sociétaire du Bayern Munich ne savait pas à ce moment-là qu'il venait de rater tout simplement la balle du match, forçant son équipe à jouer les prolongations au moment où elle a été tout près du sacre. Lors des prolongations, l'Espagne, aidée par l'expulsion du défenseur néerlandais Heitinga (108'), est parvenue à trouver la faille grâce à Andres Iniesta bien embusqué dans la surface de réparation, et qui ne s'est pas fait prier pour battre l'infortuné Stekelenburg (116'). Les quelques minutes restantes n'ont pas permis aux Néerlandais de remettre les pendules à l'heure au grand bonheur des Ibériques. Avec ce trophée, l'Espagne est devenue la première sélection à remporter la Coupe du monde, après avoir perdu son premier match du tournoi (ndlr, face à la Suisse 1-0). L'Espagne vient de confirmer ainsi la suprématie de son football sur la scène mondiale, après l'avoir fait au niveau continental avec l'Euro-2008, remporté à Vienne en Autriche après sa victoire en finale face à l'Allemagne (1-0). Johannesburg. Soccer City, terrain bon, temps: frais, éclairage bon, 84 490 spectateurs, arbitre: Howard Webb (Eng) But: Iniesta (116') Espagne Avertissements : van Persie (15'), van Bommel (22'), de Jong (28'), van Bronckhorst (54'), Heitinga (57'), Robben (84'), van der Wiel (111'), Mathijsen (117') Pays-Bas, Puyol (17'), Sergio Ramos (23'), Capdevila (67'), Iniesta (118'), Xavi (120'+1) Espagne Exclusion: Heitinga (109') Pays-Bas: Pays-Bas: Stekelenburg, van der Wiel, Heitinga, Mathijsen, van Bronckhorst (cap) (Braafheid 105'), van Bommel, de Jong (van der Vaart 99'), Robben, Sneijder, Kuyt (Elia 71), van Persie Entraîneur: Bert Van Marwijk Espagne: Casillas (cap), Sergio Ramos, Puyol, Piqué, Capdevila, Busquets, Xabi Alonso (Fabregas 87') - Iniesta, Xavi, Pedro (Jesus Navas 60'), Villa (Torres 106') Entraîneur: Vicente Del Bosque Les 23 champions du monde Gardiens : Casillas (Real Madrid) Reina (Liverpool) Valdés (FC Barcelone) Défenseurs : Albiol (Real Madrid) Ramos (Real Madrid) Arbeloa (Real Madrid) Capdevila (Villarreal) Piqué (FC Barcelone) Puyol (FC Barcelone) Marchena (Valence) Milieux : Alonso (Real Madrid) Fabregas (Arsenal) Busquets (FC Barcelone) Xavi (FC Barcelone) Iniesta (FC Barcelone) Martinez (Athletic Bilbao) Silva (Valence) Attaquants : Mata (Valence) Navas (FC Séville) Torres (Liverpool) Pedro (FC Barcelone) Villa (FC Barcelone) Llorente (Athletic Bilbao) Van Marwijk : «La meilleure équipe a gagné» Malgré sa tristesse, le sélectionneur néerlandais reconnaît que l'Espagne était supérieure, hier, dimanche, en finale du Mondial. «Nous sommes très tristes, naturellement. Même à dix, nous avons failli atteindre les tirs au but. Je crois tout de même que la meilleure équipe a gagné. Cette défaite en finale de Coupe du Monde me fait très mal. L'Espagne a eu davantage d'occasions, mais Arjen Robben s'est présenté deux fois seul face au gardien. Avec un peu plus de réussite, nous aurions pu l'emporter», a analysé Bert Van Marwijk après la défaite néerlandaise en finale du Mondial face à l'Espagne. Del Bosque : «La victoire de grands joueurs» Même devenu Champion du monde, Vicente Del Bosque ne se départit jamais de son flegme et de sa classe. Malgré l'émotion, il a tenu à féliciter ses joueurs, auxquels revient tout le mérite selon lui. «On leur doit ce trophée, à ces magnifiques joueurs. Ce jour est à marquer d'une pierre blanche, c'est un jour de fête pour tous les Espagnols», a commenté Del Bosque dans Marca. Pourtant, le sélectionneur s'est gardé de tout dire : «J'ai beaucoup de gens à remercier (pour la victoire) mais je préfère garder ces félicitations pour moi». Enfin, fidèle à lui même, le mythique entraîneur du Real Madrid des années 90 a laissé le mot de la fin à ses joueurs, ses héros : «Nos fans apprécient d'autant plus la victoire d'un groupe qui défend de belles valeurs et de grands principes». Ce qui est sûr, c'est que la nouvelle équipe championne du monde ne s'est jamais départie de jouer l'offensive. Casillas : «Ce ne fut pas facile» «Ce fut sensationnel. Un moment historique pour le football espagnol. Nous ne sommes pas conscients de ce que nous avons atteint. Nous le deviendrons avec le temps. C'est ce que nous voulions depuis que nous sommes petits. C'est un moment particulier. Beaucoup plus émouvant que la Coupe d'Europe. Ce ne fut pas facile, mais par chance nous avons réussi à gagner. Je ne suis pas un saint. J'ai beaucoup d'expérience. J'ai reçu beaucoup. Je pense à mes parents, mes frères, mes amis, ma copine». Iniesta : «C'est incroyable» «Quelle joie, surtout quand on voit comment on gagne. Il n'y a pas de mots pour exprimer ce que je ressens. Après mon but, j'ai pensé à ma famille, à tous les gens que j'aime. Mais cette victoire est le fruit d'un énorme travail. J'ai dit que je ferai le chemin de Saint-Jacques (de Compostelle) et je le ferai. Je n'ai pas dit quand. Le match a été très dur, et vivre ce moment de gloire est incroyable. Nous ne nous rendons pas compte de ce que nous avons fait. (Interrogé sur le fait que les joueurs ne se sont toujours pas douchés près de deux heures après le coup de sifflet final) Nous sommes en train de sauter, de nous embrasser». Ramos : «Historique» «C'est quelque chose d'historique et il faut en profiter. Ceci ne fait que commencer. Nous avons une grande journée demain: aller à Colon, Cibeles (des places du centre de Madrid, ndlr), le fêter avec tout le monde. Ce fut très dur. Nous savions à quoi nous attendre. Il n'y a pas de plus grande satisfaction dans la vie que de brandir cette Coupe du monde». Sneijder : «Cela fait mal» «Nous avions eu des occasions, c'est dommage, nous étions si près de gagner la Coupe du monde. Nous sommes tristes. Nous ne pouvons pas penser à l'avenir maintenant parce que nous venons de perdre la finale, c'est un sentiment très dur. On doit être fiers d'être deuxièmes, on a fait une Coupe du monde incroyable. On va fêter ça avec nos supporters du premier jour. Je pense que nous avons perdu face à la meilleure équipe.» Robben : «C'est le football» «Sur la première (de ses deux occasions manquées face à Casillas, ndlr), je ne joue pas très bien le coup. Il faut être clair. Je suis pourtant bien lancé. Mais ce n'est pas évident. Il m'a manqué un peu de lucidité. La deuxième, c'est plus difficile, je suis déséquilibré. C'est dommage. Notre organisation n'était pas mauvaise. C'est le football» van Bronckhorst : «Nous étions si près du but» n Giovanni van Bronckhorst a du mal à digérer la défaite néerlandaise en finale de la Coupe du Monde. «Nous étions si près du but. La déception est énorme. Si nous avions transformé ne serait-ce qu'une seule de nos occasions… tout aurait été différent. Nous avons laissé beaucoup trop d'espaces aux Espagnols en milieu de terrain. Malgré cet échec, je suis fier d'appartenir à cette équipe. Mais quand on est en finale, on ne peut pas se contenter de la deuxième place», a expliqué le capitaine des Néerlandais qui disputait dimanche le dernier match de sa carrière professionnelle. Nadal : «Le bonheur de ma vie» l «Il faut le célébrer pendant une année entière. C'est une génération unique qui le mérite. J'étais à Majorque (son île natale des Baléares) pendant la demi-finale contre l'Allemagne et j'imagine maintenant que ce doit être la folie en Espagne. Ce fut énorme. J'ai touché la coupe. Je suis un fana de football. C'est le bonheur de ma vie d'être ici».