Certains sont des «gens à chiens». Quelle fête un chien ne fait-il pas au retour de son maître ou de sa maîtresse après une absence d'une demi-heure ! D'autres sont des «gens à chats». Quelle fascination d'observer ce tigre miniature, farouchement indépendant, changeant dans son humeur, affectueux et incontestablement rusé... Cette histoire permettra peut-être aux amoureux des chiens de mieux aimer les chats. Francine Braux rentre chez elle à Pontault-Combault, dans la Seine-et-Marne. La forêt toute proche est un lieu de promenade idéal, surtout en cette fin de juillet. Le petit pavillon de Francine fait face aux grandes futaies remplies de gibier. Un peu avant d'arriver à la grille de son jardin, elle entend un miaulement plaintif. Un chaton est là, quelque part dans un buisson, et il clame sa détresse. Francine a tôt fait de trouver la petite bête : une bestiole d'à peine une semaine. Une petite chose rousse, blanche et noire. Une femelle, puisque seules les femelles sont tricolores. Le pauvre animal réclame. Quoi ? Sa mère ? A boire ? A manger ? Sans doute tout cela à la fois. — Alors, ma Kikine, tu es perdue ? Tu as faim ? Tu n'as plus de maman ? La Kikine en question a les yeux collés. Sans doute la mère ne s'en est-elle pas occupée depuis longtemps. La maman chatte a pu être écrasée par une des voitures qui filent sur la route toute proche. — Allez, ma Kikine, je t'emmène à la maison. Tu as besoin d'un bon bol de lait. Et d'une petite toilette. Tu es crottée à faire peur. Et voilà la Kikine chaudement installée dans la poche de Francine. Une fois arrivée chez elle, sa bienfaitrice constate que la petite chatte est couverte de puces. Il était temps qu'elle soit trouvée... Francine vit seule et avec elle Kikine reprend vite du poil de la bête. Elle ne tarde pas à répondre quand on l'appelle. Elle ronronne, connaît les heures des repas, joue avec tout ce qui traîne. Et elle est d'une propreté méticuleuse, attendant de pouvoir sortir dans le jardin pour y faire ses besoins. Si Kikine s'aventure sur un meuble, Francine s'inquiète un peu : — Kikine, ne va pas faire tomber le vase de ma grand-mère ! J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux ! La Kikine regarde sa maîtresse, comme pour réfléchir. Elle semble dire : «Le vase de la grand-mère ? C'est cette horreur mauve avec des violettes en relief ? Tu es certaine que tu y tiens vraiment ?» De toutes manières Kikine ne fera rien tomber... Elle est très habile pour poser ses pattes juste là où il reste un peu de place... Francine est heureuse de cette présence nouvelle. Bien sûr, elle a dépensé un peu d'argent chez le vétérinaire. Bien sûr Kikine s'installe d'autorité dans le fauteuil préféré de Francine. Et la nuit, Kikine exige d'avoir une fenêtre ouverte pour pouvoir aller faire un tour dehors. — Tu sais que tu es terrible ! Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir d'intéressant la nuit dans le jardin ? La Kikine, d'un seul regard, répond à Francine : «Dans le jardin ? Mais ma pauvre Francine, dans le jardin il y a les mulots et les souris. D'alleurs, je t'en rapporterai une en rentrant de ma prochaine balade.» Effectivement, le lendemain matin Francine a la joie de découvrir une souris morte, délicatement déposée par Kikine à côté de son oreiller... La Kikine se fait gronder, mais elle ronronne si gentiment. Quand on la gronde, elle a une manière d'ouvrir ses yeux tout ronds et de prendre un air d'enfant pris en flagrant délit de vol de petits gâteaux. La Kikine est adorable, irrésistible. Francine lui dit parfois : — Tu es un petit monstre : tu me roules dans la farine. Mais ne te trompe pas : c'est moi qui commande ici et pas toi, petite peste ! Est-ce bien certain ? (à suivre...)