? Dieu soit béni ! répondit le chien, je vis des jours d?or et de soie. Me permets-tu de te régaler ? Allons dans la ferme. Mes maîtres font la fête, ils ne verront pas que tu es là. Entre, et va tout de suite te cacher sous le fourneau. Moi, j?irai te chercher quelque chose et tu vas te régaler. C?était d?accord. Ils pénétrèrent dans la ferme. Le chien vit que ses maîtres et leurs invités étaient complètement saouls. Il offrit à boire à son copain. L?ours avala un premier verre, puis un deuxième et but jusqu?à en perdre la tête. Les invités se mirent à chanter. L?ours avait aussi envie de pousser la chansonnette. Le chien eut beau le mettre en garde : ? Ne chante pas, tu vas avoir des ennuis ! Rien à faire ! L?ours ne pouvait plus se retenir et, d?une voix puissante, il entonna une chanson à lui. Les invités entendirent ses hurlements, saisirent leurs haches et haro sur l?ours ! Celui-ci réussit à s?échapper de justesse et il s?enfuit à moitié mort. Le paysan avait aussi un chat. Ce vieux chat ne chassait plus les souris, il ne faisait plus que des bêtises : où qu?il grimpe, c?était pour casser quelque chose ou pour renverser une carafe. Le paysan le chassa de sa maison. Le chien vit comme le chat affamé était malheureux et il se mit discrètement à lui apporter du pain et de la viande. La maîtresse de maison soupçonna son manège. Un jour, elle le prit sur le fait. Elle le roua de coups et le sermonna : ? Surtout n?apporte pas de viande à ce chat ! Et ne lui donne pas de pain non plus ! Trois jours après, le chien sortit de la cour de la ferme et il rencontra le chat qui semblait mal en point : ? Qu?as-tu ? lui dit-il. ? Je meurs de faim. Jusqu?à présent, j?avais mon compte, tant que tu me nourrissais. ? Viens avec moi ! Et les voilà partis tous les deux. Le chien s?approcha d?un troupeau de chevaux et se mit gratter le sol de sa patte pour se mettre en colère. ? Chat, chat, est-ce que j?ai les yeux rouges ? ? Pas vraiment, répondit le chat ? Dis-moi qu?ils sont rouges maintenant. ? Eh bien, ils sont rouges ! concéda le chat. ? Chat, chat et mon poil est-il bien dressé de colère ? ? Non, il n?est pas dressé. ? Imbécile, dis-moi qu?il se dresse ! ? Bon d?accord, il se dresse. ? Chat, chat, et ma queue est-elle bien tendue ? ? Eh non, elle n?est pas tendue ! ? Imbécile, dis-moi qu?elle est tendue ! ? Bon, elle est tendue. Alors, convaincu qu?il avait en lui assez de colère, le chien s?élança contre une jument. Mais la jument lui donna un coup de sabot qui le projeta en arrière. Et il rendit l?âme. Alors, le chat s?approcha et lui dit : ? Maintenant, je peux te dire la vérité : tes yeux sont rouges de sang, ton poil est hérissé et ta queue est toute tendue. Adieu, chien, mon frère. Moi aussi, je vais mourir. (Fin.)