Résumé de la 143e partie n Adam quitte Ann et miss Chadwick qui prennent ensemble le chemin du bâtiment principal… Elle monta dans sa chambre et se coiffa de son chapeau. Elle n'était pas femme à sortir en cheveux. Elle étudia son reflet dans la glace avec satisfaction. Elle n'avait pas l'une de ces personnalités que l'on remarque ! Eh bien, cela pouvait avoir ses avantages ! Elle se sourit : cela lui avait permis d'utiliser avec facilité les références de sa sœur. Même la photo du passeport était passée comme une lettre à la poste. Ç'aurait été trop bête que de laisser perdre ces excellentes références lorsque Angèle était morte. Angèle avait réellement adoré l'enseignement. Alors que, pour elle, c'était d'un ennui incommensurable. Mais le salaire était très élevé. Bien au-dessus de tout ce qu'elle avait jamais réussi à gagner par elle-même. Et, en plus, les choses avaient incroyablement évolué dans le bon sens. L'avenir allait être très différent. Oh ! oui, très différent. La terne Mlle Blanche se transformerait. Elle voyait tout cela en pensée. La côte d'Azur. Des vêtements chic. Un maquillage distingué. Tout ce dont on avait besoin, dans ce monde, c'était de l'argent. Ah ! oui, tout allait devenir très agréable. Il avait, à coup sûr, valu la peine de venir s'enterrer dans ce détestable collège anglais. Elle s'empara de son sac à main et sortit dans le couloir. Son regard tomba sur une femme qui s'affairait à genoux. Une nouvelle femme de ménage. Une indicatrice de police, naturellement. Qu'ils étaient naïfs - croire que personne ne s'en apercevrait ! Un sourire méprisant aux lèvres, elle quitta le bâtiment, et parcourut l'allée pour arriver à la grille. L'arrêt du bus était presque en face. Elle attendit. Le bus serait là d'un instant à l'autre. Il n'y avait que très peu de gens sur cette tranquille route de campagne. Un homme était penché sous le capot ouvert d'une voiture. On avait appuyé un vélo contre une haie. Un autre homme attendait le bus lui aussi. L'un de ceux-là la suivrait, évidemment. La filature serait menée habilement, sans rien de visible. Elle en était pleinement consciente, mais cela ne l'inquiétait pas. Grand bien fasse à son poursuivant de voir où elle allait, et ce qu'elle faisait. L'autobus arrivait. Elle y monta. Un quart d'heure plus tard, elle descendit, sur la grand-place de la ville. Elle ne se donna pas la peine de regarder derrière elle. Elle se dirigea vers un grand magasin, dont les vitrines alignaient la mode nouvelle. Des modèles mochards, de piètre qualité et bien faits pour des provinciaux, décida-t-elle, la bouche pincée. Mais elle resta un moment à les regarder, comme s'ils lui plaisaient. Elle finit par pénétrer dans le magasin, procéda à quelques achats des plus banals, puis gagna le premier étage et poussa la porte des toilettes des dames. Il s'y trouvait, dans la salle de repos, une table à écrire, quelques fauteuils, et une cabine téléphonique. Elle y entra, glissa des pièces de monnaie dans la fente, composa le numéro et attendit. (à suivre...)