Enigme n Mais les heures, puis les jours passent sans que le docteur Petiot donne signe de vie et la fumée et son odeur insupportable sont toujours là ! Le lundi 6 mars 1944, alors que Paris est sous occupation allemande, au 21 de la rue Le Sueur, dans un quartier résidentiel, non loin de la célèbre Place de l'Etoile, une fumée nauséabonde s'échappe d'une maison. C'est un bel hôtel, remontant au XIXe siècle, avec une écurie et une cour intérieure. Les voisins savent qu'il a été longtemps abandonné avant d'être racheté par un médecin, mais on sait aussi que lui, non plus, n'y réside pas, mais il vient de temps en temps. Que fait-il ? Personne ne le sait. Toute la rue est incommodée par cette fumée mais les habitants de l'immeuble qui fait face à l'hôtel le sont encore davantage. Certains descendent voir la concierge. Mais elle ne peut pas les renseigner. Certains pensent que docteur doit brûler des choses… des choses qu'on ne voudrait pas trouver chez lui, après la guerre ! Des mauvaises langues parlent de choses compromettantes. Tout le monde sait que la guerre touche à sa fin, les Allemands accusant de lourdes pertes. Le docteur s'est sans doute mouillé dans quelque scabreuse affaire et cherche à en supprimer les traces. Mais des papiers, des documents, peuvent-ils générer une fumée aussi épaisse et surtout aussi malodorante ? — Prions le ciel que cela cesse au plus vite ! Mais les heures, puis les jours passent sans que le docteur Petiot donne signe de vie et la fumée et son odeur insupportable sont toujours là ! C'est alors qu'un résident décide de porter plainte au commissariat du quartier. Le samedi 11 mars, au matin, deux policiers à bicyclette arrivent à la Rue Le Sueur. Ils pensaient que le résident qui avait signalé le feu de cheminée avait exagéré, en parlant d'odeurs insupportables, mais ils se rendent compte qu'il disait vrai : l'odeur est vraiment insupportable ! Ils s'approchent de l'hôtel, mais une note, placardée sur la porte, les avertit : «Je suis absent pour un mois». Ils s'apprêtent à repartir, quant la concierge de l'immeuble qui fait face à l'hôtel, traverse la rue et vient vers eux. — Vous venez pour le propriétaire de l'hôtel ? demande-t-elle — Oui, disent les agents, qui êtes-vous ? — Madame Dupont, la concierge de l'immeuble en face... — Vous connaissez le propriétaire de cette maison ? — C'est le docteur Petiot, il me laisse d'habitude la clé de la maison quand il doit s'absenter. — Et vous l'avez cette clé ? — Non, la docteur l'a reprise... Mais il n'habite pas ici, il vient juste de temps à autre, pour ses affaires. — Et vous savez où il habite ? — Oui, au 66 rue Caumartin, le docteur m'a laissé également son téléphone, en cas d'urgence. Le visage des agents s'éclaire. — Donnez-le-nous, s'il vous plaît. Indiquez-nous d'où on peut appeler. — De la loge, bien sûr ! (à suivre...)