Saison n Ils sont nombreux cet été à ferrer le sar, la dorade ou le pagre, contrairement aux amateurs de chasse sous-marine pour qui le moindre zéphyr est sujet de préoccupations. Entre ceux-ci et ceux-là, les revendeurs de matériel de pêche font de belles affaires... Rencontré au marché de Ténès, Younes est venu s'approvisionner en hameçons, leurres et autre matériel de pêche. «C'est comme ça, il faut investir en matériel pour avoir les plus belles prises», souligne-t-il, avec un clin d'œil complice, au propriétaire du petit magasin. Pour un matériel basique, une bobine de fil de pêche de marque réputée, une canne, un moulinet, des hameçons et des leurres, la note ne descend pas en dessous des 5 000 DA, même si parfois des arrangements se font entre les pêcheurs et les revendeurs. «Généralement, il faut compter entre 4 000 et 5 000 DA pour avoir un matériel plus ou moins acceptable pour pêcher du bon poisson», affirme Younes. Dans son local installé juste sur les hauteurs du marché couvert de l'antique Cartenna, le propriétaire de ce magasin conseille les pêcheurs sur la qualité du matériel, les oriente sur les coins de bonne pêche, et, surtout, ne va pas au-delà de simples conseils sur la manière de ferrer un poisson. «Tu sais, ici, les pêcheurs sont susceptibles, ils savent tout, au départ, donc pas besoin de leur montrer comment ils vont pêcher, même s'ils t'écoutent poliment», confie un vieux... loup de mer de passage dans cette boutique hérissée de cannes à pêche. Mais, le «must» du matériel de pêche à la ligne c'est celui spécifique à la gigue, une méthode de pêche de profondeurs et au gros. Le matériel de la gigue oscille entre 50 000 et 60 000 dinars, et, en sus, il faut être équipé d'une embarcation. A Blida, c'est la grande tendance de cet été : aller faire de la gigue du côté de Damous et Gouraya. Le matériel, cher s'il en est, et notamment une canne en fibre de verre et un moulinet pour le très gros poisson, permet «de pêcher des pièces absolument fantastiques, comme le denti, le gros pagre, le mérou ou le sériole, entre autres poissons de profondeurs», assure Smaïl, qui a laissé de côté momentanément la chasse sous-marine pour la pêche à la gigue. «Oui, le matériel de la gigue est coûteux, mais au final, tu rentres pratiquement avec ta barque pleine de gros poissons, que tu vends après pour amortir ton investissement», ajoute Smaïl. Pour autant, le matériel de chasse sous-marine n'est pas donné : un masque de plongée est vendu entre 3 500 et 5 000 DA, le tuba est généralement offert par le revendeur, des palmes «pro» entre 5 000 et 8 000 DA, une tenue de plongée entre 15 000 et 25 000 DA, et les fusils harpons qui se négocient entre 10 000 et 20 000 DA. La filière est tellement rentable que de grands équipementiers de la chasse sous-marine se sont installés ces trois dernières années en Algérie, notamment à Alger, Oran et Annaba.