Dans les arbres, écoute le vent : il conte les histoires d?antan. Cela se passait il y a longtemps ; Du temps où les animaux aux hommes parlaient ; Où les arbres confiaient à la brise, au ciel et au soleil ; Tout ce qui se passait en ville et dans la forêt ; Dans les bois écoute le vent choir ; Il raconte ma première histoire. Il était une fois, dans un village reculé d?Algérie, Un vieil homme qui avait apporté de la viande à la maison. Il y en avait donc une pleine assiette ! La vieille la mangea, et accusa le chat Bécha. Une plume d?oiseau, Une feuille d?arbre, Une goutte d?eau de source, Une poignée de terre de la cruche. Et, dans son petit tablier de grand-mère, Fit sauter pour mieux les mélanger : La pierre, la plume, la feuille, l?eau et la terre. Ensuite, délicatement, elle noua les quatre coins de son tablier à fleurettes, et le déposa dans le coin le plus froid de la maisonnette. Le lendemain, à la même place, se dressait une magnifique cheminée où déjà de belles et chaudes flammes se tortillaient. C?est depuis ce jour-là, que tous les chats aiment à se blottir près du foyer, car c?est quand le feu commence à danser et à crépiter, qu?il se met alors à conter «l?histoire du chat qui pleurait». Notre histoire s?en est allée rouler Dans la rivière peu à peu, Et nous, nous sommes restés Sous la protection de Dieu Le Miséricordieux. Quelque part dans les cieux, le soleil bouscula les nuages et pointa le nez, il aperçut la servante qui regardait d?un air triste sa poterie par terre et l?interpella. «Maria, pourquoi avoir cassé ta belle cruche ?» «O maître soleil ! si tu savais, s?écria la servante : Le vieil homme a apporté de la viande à la maison, La vieille la mangea et accusa de ce méfait le petit chat. Bécha se mit à pleurer, Le mur à s?écrouler, L?oiseau à se déplumer, L?arbre à s?effeuiller, La source à s?assécher, Et, moi, la servante la cruche ait brisé.» Notre bon soleil aussitôt allongea ses rayons, Toucha les morceaux de terre et la cruche se recolla, Caressa le lit de la source et l?eau vive rejaillit, Souffla sur l?arbre qui retrouva son feuillage, Frôla l?oiseau qui recouvra son plumage. Frotta tendrement les pierres et le mur se reconstruisit, Caressa le petit chat, qui se mit à ronronner. Enfin, il réchauffa l?assiette qui se remplit de viande. Alors, la vieille jura de ne plus jamais mentir Et alla clopin-clopant ramasser : Une pierre du mur, Bécha se mit à pleurer, Le mur à s?écrouler, L?oiseau à se déplumer, Et moi, l?arbre, à m?effeuiller.» «Alors, dit la source, moi, mon eau je vais assécher, Sans autre forme de procès !» Maria, la servante, sur ce fait, arriva ; elle portait sur la tête une grosse cruche qu?elle devait remplir d?eau ; quelle ne fut sa surprise quand elle découvrit que la source était tarie. Elle s?écria alors : «Petite source vagabonde, si généreuse d?habitude, Pourquoi retiens-tu ton eau ?» «Oh Maria ! si tu savais murmura la source : Le vieil homme a apporté de la viande à la maison, La vieille la mangea et accusa de ce méfait le petit chat. (à suivre...)