Résumé de la 155e partie n Mrs Upjohn dit à Poirot que la personne qu'il soupçonne est bien présente dans le bureau... Elle tendait l'index. L'inspecteur Kelsey ne perdit pas de temps, pas plus qu'Adam Goodman, mais ils ne se montrèrent pas assez rapides. Ann Shapland avait sauté sur ses pieds. Au poing, elle tenait un vilain petit pistolet automatique, qu'elle pointait sur Mrs Upjohn. Miss Bulstrode, plus vive que les deux hommes, bondit en avant, mais miss Chadwick, encore plus prompte, s'était interposée. Ce n'était pas Mrs Upjohn qu'elle cherchait à protéger, c'était sa directrice, qui se tenait entre Ann Shapland et Mrs Upjohn. — Non, vous ne ferez pas ça ! hurla-t-elle en couvrant miss Bulstrode de son corps au moment même où l'automatique aboya. Miss Chadwick vacilla, puis s'affaissa lentement. Miss Johnson se précipita. Adam Goodman et Kelsey s'étaient jetés sur Ann Shapland. Elle se débattit comme un beau diable, mais ils parvinrent à lui arracher son pistolet. — A cette époque-là, on disait d'elle que c'était une tueuse, souffla Mrs Upjohn. Et ce, en dépit de sa jeunesse. Elle était un de leurs agents les plus dangereux. Son nom de code, c'était Angelica. — Vous mentez, salope ! invectiva Ann Shapland. — Elle ne ment pas, intervint Hercule Poirot. Vous êtes dangereuse, en effet. Vous avez toujours mené une existence pleine de risques. Jusqu'à présent, nul ne vous avait jamais soupçonnée sous votre propre identité. Tous les emplois que vous avez occupés sous votre nom de baptême étaient réellement de vrais métiers et vous avez chaque fois efficacement rempli votre tâche - mais ils répondaient tous à un but commun, et ce but, c'était la recherche de renseignements. Vous avez travaillé dans une compagnie pétrolière, avec un archéologue qui vous a emmenée dans une partie bien déterminée de notre planète, et chez une actrice dont l'amant était un homme politique de premier plan. Depuis vos dix-sept ans, vous avez exercé le métier d'agent secret - pour des patrons variés, toutefois. Vous vendiez vos services au plus offrant, et on vous les payait bien. Vous assumiez un double rôle. La plupart de vos missions, vous les accomplissiez sous votre propre nom, mais il en était d'autres pour les-quelles vous recouriez à une identité d'emprunt - à savoir les périodes où, vous le clamiez ostensiblement, il vous fallait rentrer chez vous au chevet de votre mère. «Hélas pour vous, miss Shapland, je soupçonne fortement que la femme âgée à laquelle j'ai rendu visite dans un petit village, cette authentique malade mentale à l'esprit confus que veille une infirmière, n'est pas du tout votre mère. Elle vous servait uniquement de prétexte pour quitter vos emplois ou abandonner temporairement vos amis. L'hiver dernier, les trois mois que vous avez soi-disant passés auprès de votre "mère", qui aurait traversé l'une de ses "mauvaises périodes", correspondent très exactement au séjour prolongé que vous avez fait à Ramat. Pas sous le nom de Ann Shapland, mais en tant qu'Angelica de Toredo, danseuse de cabaret plus ou moins espagnole. (à suivre...)