Résumé de la 5e partie n La belle aux cheveux d'or, qui a récupéré sa bague, soumet Avenant à une autre épreuve... «Puisque vous avez si bonne volonté, continua-t-elle, il faut que vous me rendiez un autre service, sans lequel je ne me marierai jamais. Il y a un prince, qui n'est pas éloigné d'ici, appelé Galifron, lequel s'était mis dans l'esprit de m'épouser. Il me fit déclarer son dessein avec des menaces épouvantables, que si je le refusais il désolerait mon royaume. Mais jugez si je pouvais l'accepter : c'est un géant qui est plus haut qu'une haute tour ; il mange un homme comme un singe mange un marron. Quand il va à la campagne, il porte dans ses poches de petits canons, dont il se sert comme pistolets, et lorsqu'il parle bien haut ceux qui sont près de lui deviennent sourds. Je lui fis répondre que je ne voulais point me marier et qu'il m'excusât. Depuis, il n'a cessé de me persécuter ; il tue tous mes sujets, et avant toutes choses il faut vous battre contre lui et m'apporter sa tête.» Avenant demeura un peu étourdi de cette proposition. Il rêva quelque temps, puis il dit : «Eh bien, madame, je combattrai Galifron. Je crois que je serai vaincu mais je mourrai en homme brave.» La princesse resta bien étonnée : elle lui dit mille choses pour l'empêcher de faire cette entreprise. Cela ne servit à rien : il se retira pour aller chercher des armes et tout ce qu'il lui fallait. Quand il eut ce qu'il voulait, il remit le petit Cabriole dans son panier, monta sur son beau cheval... et fut dans le pays de Galifron. Il demandait de ses nouvelles à ceux qu'il rencontrait, et chacun lui disait que c'était un vrai démon dont on n'osait s'approcher. Plus il entendait dire cela, plus il avait peur. Cabriole le rassurait, en lui disant : «Mon cher maître, pendant que vous vous battrez, j'irai lui mordre les jambes ; il baissera la tête pour me chasser, et vous le tuerez.» Avenant admirait l'esprit du petit chien, mais il savait assez que son secours ne suffirait pas. Enfin, il arriva près du château de Galifron. Tous les chemins étaient couverts d'os et de carcasses d'hommes qu'il avait mangés ou mis en pièces. Il ne l'attendit pas longtemps qu'il le vit venir à travers un bois. Sa tête dépassait les plus grands arbres, et il chantait d'une voix épouvantable : Où sont les petits enfants Que je les croque à belles dents ? Il m'en faut tant, tant et tant, Que le monde n'est suffisant. Aussitôt, Avenant se mit à chanter sur le même air : Approche : voici Avenant, Qui t'arrachera les dents. Bien qu'il ne soit pas des plus grands, Pour te battre il est suffisant. Les rimes n'étaient pas bien régulières mais il fit la chanson fort vite, et c'est même un miracle qu'il ne la fît pas plus mal, car il avait horriblement peur. Quand Galifron entendit ces paroles, il regarda de tous côtés, et aperçut Avenant l'épée à la main, qui lui dit deux ou trois injures pour l'irriter. Il n'en fallut pas tant : le géant se mit dans une colère effroyable, et prenant une massue toute de fer, il aurait «assommé» du premier coup le gentil Avenant, sans un corbeau qui vint se mettre sur le haut de sa tête, et avec son bec lui donna des coups si juste dans les yeux qu'il les creva. Son sang coulait sur son visage. (à suivre...)