Résumé de la 3e partie n Avenant réussira-t-il à convaincre La belle aux cheveux d'or ? Voilà les trois plus considérables aventures qui arrivèrent à Avenant dans son voyage. Il était si pressé d'arriver qu'il ne tarda pas à se rendre au palais de la Belle aux Cheveux d'Or. Tout y était admirable : on y voyait les diamants entassés comme des pierres ; les beaux habits, le bonbon, l'argent ; c'étaient des choses merveilleuses . Il pensait alors en lui-même que si elle quittait tout cela pour venir chez le roi, son maître, il faudrait qu'il ait bien de la chance. Il prit un habit de brocart, des plumes incarnates et blanches ; il se peigna, se poudra, se lava le visage, mit une riche écharpe toute brodée à son cou, avec un petit panier, et dedans un beau petit chien, qu'il avait acheté en passant à Bologne. Avenant était si bien fait, si aimable; il faisait toute chose avec tant de grâce que lorsqu'il se présenta à la porte du palais tous les gardes lui firent une grande révérence... et l'on courut dire à la Belle aux Cheveux d'Or qu'Avenant, ambassadeur du roi, son plus proche voisin, demandait à la voir. Sur ce nom d'Avenant, la princesse dit : «Je gagerais qu'il est joli et qu'il plaît à tout le monde. — Vraiment oui, madame ! lui dirent toutes ses filles d'honneur . Nous l'avons vu du grenier où nous accommodions votre filasse, et tant qu'il est demeuré sous les fenêtres nous n'avons rien pu faire. — Voilà qui est beau, répliqua la Belle aux Cheveux d'Or, de vous amuser à regarder les garçons ! Çà, que l'on me donne ma grande robe de satin bleu brodée et que l'on éparpille bien mes blonds cheveux, que l'on me fasse des guirlandes de fleurs nouvelles, que l'on me donne mes souliers hauts et mon éventail, que l'on balaie ma chambre et mon trône car je veux qu'il dise partout que je suis vraiment la Belle aux Cheveux d'Or.» Voilà toutes ses femmes qui s'empressaient de la parer comme une reine. Elles montraient tant de hâte qu'elles s'entrecognaient et n'avançaient guère. Enfin, la princesse passa dans sa galerie aux grands miroirs pour voir si rien ne lui manquait. Puis elle monta sur son trône d'Or, d'ivoire et d'ébène, lequel sentait comme un baume, et elle commanda à ses filles de prendre des instruments et de chanter tout doucement pour n'étourdir personne. On conduisit Avenant dans la salle d'audience. Il demeura si transporté d'admiration qu'il a dit depuis bien des fois qu'il ne pouvait presque pas parler. Néanmoins, il reprit courage et fit sa harangue à merveille : il pria la princesse qu'il n'eût pas le déplaisir de s'en retourner sans elle. «Gentil Avenant, lui dit-elle, toutes les raisons que vous venez de me conter sont fort bonnes, et je vous assure que je serais bien aise de vous favoriser plus qu'un autre. Mais il faut que vous sachiez qu'il y a un mois je fus me promener sur la rivière avec toutes mes dames. Et comme l'on me servit ma collation, en ôtant mon gant je tirai de mon doigt une bague qui tomba par malheur dans la rivière. Je la chérissais plus que mon royaume. Je vous laisse à juger de quelle affliction cette perte fut suivie. J'ai fait serment de n'écouter jamais aucune proposition de mariage que l'ambassadeur qui me proposera un époux ne me rapporte ma bague. Voyez à présent ce que vous avez à faire là-dessus car quand vous me parleriez quinze jours et quinze nuits, vous ne me persuaderiez pas de changer de sentiment.» (à suivre...)