Particularité Avec elles, c?est l?expression spontanée, ce sont la pureté et l?authenticité. Le champ pictural féminin algérien est semé de noms illustres comme Baya, Souhila Belbahar ou encore Aïcha Haddad qui, toutes, doyennes de la peinture algérienne, ont apporté de nouvelles couleurs (raffinées, moelleuses et sensuelles), d?autres formes (douces, ouatées et élégantes), une esthétique et une poétique nouvelle miroitant leur être en mouvement, en création constante. Chacune, avec son style, son imaginaire et sa sensibilité, a contribué à l?éveil et au renouveau de la peinture. Chacune a apporté une nouvelle perception et définition de l?être féminin : il s?agit de femmes féeriques, étonnantes, toutes présentées dans leur beauté et leur splendeur. Dans toutes leurs peintures figure le personnage de la femme, un personnage présenté dans sa pluralité, dans sa magnificence, dans un espace projeté d?un imaginaire prodigieux. Le personnage de la femme fait sien l?espace où il est joliment et élégamment présenté, et dans lequel, il est souverain, maître de son corps, de soi : l?être féminin acquiert une totale liberté d?agir, de se mouvoir et de s?entretenir avec son corps par rapport au milieu où il est ancré. Dans chacune de leurs peintures, l?on dépiste en effet la présence féminine, à la fois «moi» et autrui. Le peintre s?emploie à montrer la femme, à se montrer au travers de son personnage et dans ce monde renversant qu?elle a créé sur un ton sublime et d?un geste surtout délicat, tendre, soyeux. Avec Baya, l?on parle de femme-oiseau ou femme-poisson ou encore femme-végétale ; avec Souhila Belbahar, l?on parle de femme-fleur ou femme-pétale ; avec Aïcha Haddad, l?on parle de femmes ravissantes et rayonnantes. Et évoquer leurs peintures, c?est pénétrer d?emblée dans «le monde du phénomène, de l?inattendu, de l?irréaliste» et aussi de l?étonnant et du sensationnel. Toutes ces femmes ont donné à l?art et à l?Algérie une grande part de leurs rêves, de leurs émotions, de leurs amours ; elles ont tant donné à la peinture algérienne ; d?autres générations de femmes viennent suivre les traces de leurs aînées, des noms comme Leïla Zahaf ou Djahida Houadef illustrent admirablement et d?une manière fantasmagorique la présence féminine dans leur espace pictural qu?elles créent uniquement pour «elles». Toutes ces doyennes se sont installées dans «l?univers pictural algérien comme des artistes qui ont naturellement et légitimement mérité leur droit de cité. D'abord par leur talent que personne, aujourd'hui, ne songerait à leur dénier, ensuite par leur ancrage résolu dans le terreau culturel algérien, sachant leur extraordinaire fécondité et leur prodigieuse richesse.»