Expression n L'exposition regroupant des artistes de différentes générations, se poursuit à la galerie d'art Ismaïl-Samsom (théâtre de verdure). Des peintures d'artistes comme Moussa Bourdine, Ameur Inguer, Messouber Mourad, Bouâsla Saïd, Amour Zina, Meriem Aït El-Hara et bien d'autres encore, ornent les cimaises de la galerie. Parmi les œuvres saisissantes, on peut citer celle de Aïcha Haddad, une peinture représentant une myriade de couleurs chaudes dans une ambiance crépusculaire, d'où d'ailleurs le titre du tableau Le Soir, montrant deux femmes assises l'une en face de l'autre, s'échangeant les regards, s'entretenant peut-être ? Mardjana est le tableau de Souhila Belbahar. Dans ce tableau, l'artiste, l'une des doyennes de la peinture algérienne, et ce, à l'exemple de Aïcha Haddad ou de Baya, esquisse avec un geste raffiné, plein de grâce et de féminité, un bel être aux allures fines et sensuelles. C'est une femme pétale qu'elle peint avec autant de sensibilité que d'imagination. La femme est joliment imaginée, et ce, dans une fantasmagorie empruntée au monde végétal : plantes, fleurs… Nadia Spais, elle, titre son tableau La Voûte. C'est une peinture savoureuse et haute en couleur. Elle est en effet égayée par tant de tonalités chaudes et pittoresques. La composition du tableau est typique : sous une voûte sont mises en scène quatre femmes, trois assises l'une à côté de l'autre, alors que la quatrième est debout, derrière, à gauche. Est-ce une servante ? Les trois autres femmes seraient-elles des concubines ? Le tableau ne nous rappelle-t-il pas celui de Femmes d'Alger d'Eugène Delacroix ? Il y a effectivement une similitude entre les deux peintures, mais ni l'un n'est identique à l'autre. L'artiste a pris le soin de recréer les personnages, de recomposer le décor et de penser une nouvelle ambiance. L'atmosphère n'est pas la même. Si dans le tableau de d'Eugène Delacroix, il y a le sentiment de l'enfermement – un espace fermé où les personnages sont claquemurés –, il se trouve cependant que, dans celui de Nadia Spais, l'espace est aéré, ouvert sur l'extérieur. On voit d'ailleurs l'extérieur en plein jour. La lumière y pénètre en abondance. Elle inonde l'intérieur. En outre, les femmes imaginées par Nadia Spais revêtent une identité africaine. Elles sont Africaines par le costume et les couleurs qui composent et structurent le tableau, c'est-à-dire des couleurs chatoyantes. Kamel Nezar imagine dans Pleine Lune, tel un enfant, un univers onirique, purement féerique où la magie s'opère merveilleusement. La réalité physique est transfigurée, décomposée pour être reconstituée autrement suivant un cheminement qui, lui, est guidé par le psychisme de l'artiste. Son univers est celui des enfants, un univers fait de beauté, de naturel et de candeur. Il est à noter que cette exposition, qui établit un lien entre les différentes générations d'artistes, donne un aperçu en matière de peinture, notamment celui de la continuité et de l'évolution de l'expression picturale.