l A cause de la mauvaise gestion et de l'absence de contrôle par l'Etat ainsi que l'appât du gain de certains commerçants, des tonnes de marchandises ne trouvant pas preneur au niveau des marchés de gros sont jetées à la décharge publique. Cela au moment où ces mêmes produits sont vendus à des prix inaccessibles aux marchés de détail. Le cas du marché de gros des fruits et légumes des Eucalyptus est un exemple édifiant de cette défaillance dans le comportement commercial mais aussi et surtout humain durant ce mois de la rahma. «Environ 10 tonnes de fruits et légumes sont jetées quotidiennement à la décharge faute de preneurs», nous a révélé Mohamed Medjber, président de l'Association des mandataires de ce marché. Deux jours durant en cette première semaine du mois sacré, nous avons jaugé l'ambiance dans ce marché pour essayer de comprendre les raisons de ce dysfonctionnement. Une ambiance marquée par l'agitation incessante des charretiers qui courent dans tous les sens pour livrer la marchandise à ses propriétaires et les klaxons des camions qui acheminent les marchandises de et vers ce marché. Toutefois, une fois à l'intérieur, on découvre une grande animation. Les 80 carreaux que compte le marché sont quasiment remplis de marchandises et les mandataires semblent loin d'être harcelés par des acheteurs, comme c'était le cas les années précédentes durant ce mois. Au fait, l'offre est beaucoup plus importante que la demande, du moins pour la majorité des produits. Il est 10h30, le premier jour, lorsque nous mettons les pieds au carreau n°05 qu'occupe M. Medjber. Le climat est tendu. «Vous voyez ! Le dépôt est plein, toute ma marchandise est là : rien ne se vend», regrette-t-il avant de souligner que, contrairement à ce que disent les pouvoirs publics et les commerçants au détail, les produits arrivent en abondance à ce marché. Ce n'est pas un problème de pénurie», assure-t-il. Notre interlocuteur nous fait observer que les prix sont déjà au plus bas et comme nous sommes en pleine saison de production, «d'ici à quelques jours, les ventes atteindront leur plus bas niveau», a-t-il estimé. La tomate est affichée à 10 DA, la courgette entre 10 DA et 14 DA pour la plus fraîche, la laitue et le poivron à 20 DA, la pomme de terre est cédée à 26 DA. S'agissant des fruits, le prix des poires oscille entre 40 et 80 DA, la pomme est proposée à 30-50 DA pour la variété Hama et de 40 à 80 DA pour la Royal Gala, tandis que les prix des raisins, sont à 35 DA pour la variété Cardinal et 70 DA pour la Sabelle. Des produits à des prix raisonnables, aux yeux de ces mandataires – bien que les prix appliqués au sein du marché des Eucalyptus soient les plus élevés (20%), comparés à ceux du reste des marchés de gros – qui ne parviennent pas à trouver preneurs. Faute de quoi, des caisses entières de tomates, oignons, courgettes et autres fruits et légumes sont entassées devant les carreaux et attendent d'être transférées à la décharge publique de Oued Semmar.