l Accueillie avec beaucoup de réserve et de réticence, malgré les assurances des responsables, la viande indienne n'en finit pas d'alimenter le débat. Entre ceux qui la boycottent et ceux qui disent se rabattre dessus à défaut de mieux, elle n'en fait pas moins l'objet de spéculation puisqu'elle est vendue à 600 DA et non pas à 450 DA comme préalablement annoncé. Une virée au marché Clauzel d'Alger nous a permis de constater que le prix de la viande congelée affiché chez les détaillants va à l'encontre du prix annoncé par les autorités concernées, en l'occurrence le ministère de l'Agriculture. Ce dernier avait déclaré officiellement que le prix du kilo de viande indienne est fixé à 450 DA. Cependant, à Alger et ses alentours, aussi bien le kilo de la viande indienne que celui de la viande brésilienne est cédé à 600 DA. Ce qui ne semble pas dissuader la clientèle. Interrogé sur la question, un ancien commerçant spécialisé dans la commercialisation du congelé, nous répond : «Oui, oui il y a une forte demande sur le congelé. Qui de nos jours pourrait acheter le kilo de bifteck à 1 100 DA ?». Un autre détaillant dans le même marché a été ferme : «Je ne veux pas m'aventurer à vendre un produit dont je ne suis pas sûr de la qualité. Qui peut me garantir que l'abattage a été fait selon le rite musulman ? En outre, j'ai remarqué que la viande indienne ne semble pas être du goût du consommateur algérien, et c'est pour cela que je ne vais pas en faire un stock !» Nous avons en tout cas pu vérifier que peu de commerçants à Alger ont accepté de vendre la viande indienne. Selon certains, elle est beaucoup plus commercialisée à l'est et à l'ouest du pays. «Nous en avons trouvé à Saïd Hamdine, à Kouba, mais nous n'avons pas vu un grand rush des consommateurs», nous dira un détaillant. Très surpris par la question, un commerçant de viande fraîche est arrivé jusqu'à s'exclamer : «Vous n'allez tout de même pas acheter votre propre mort ! Cette viande est dangereuse. Moi-même, j'ai refusé de la vendre car je ne veux pas altérer la santé de mes clients… D'ailleurs, la plupart de mes collègues s'abstiennent d'en vendre.» Ce qu'il y a lieu de signaler, c'est que même le congelé n'échappe pas à la spéculation. Un jeune commerçant l'affirme : «450 DA le kilo, vous rêvez ! Cette viande se vend en deuxième ou en troisième main, c'est ça les affaires !». l Approché pour plus de précisions, M. Djahid Zefzaf, président du directoire du groupe Sotracov (Société de transformation et de commercialisation des viandes), nous a expliqué que contrairement à ce qui se dit çà et là la demande sur la viande indienne est très forte. «En 3 jours seulement, nous avons écoulé le premier arrivage de viande importée et nous en avons vendu aux grossistes et aux détaillants dans les trois pôles : le centre, l'est et l'ouest du pays. Nous avons reçu dans un premier temps un lot de 1 000 tonnes et avant l'arrivée de cette quantité nous n'avions que 2 grossistes, un à Alger-Centre et l'autre entre Khraïcia et Blida, mais après la livraison de cette marchandise nous avons enregistré près de 71 grossistes qui ont adhéré à notre circuit. 20 points de vente sont répartis à l'est et à l'ouest du pays mais ce nombre reste insuffisant», a-t-il relevé. Pour le deuxième arrivage prévu pour bientôt, soit plus de 1 000 tonnes, il dira qu'il y a un grand engouement des commerçants dont certains ont même payé une caution avant la réception de la marchandise. «Le prix d'un kilo vendu aux grossistes avoisine les 410 DA», a conclu notre interlocuteur.