En l'absence de mesures draconiennes susceptibles de décourager les spéculateurs et de réguler le marché, les prix des viandes rouge et blanche et même de la sardine demeurent inabordables au 10e jour du mois sacré de ramadan. A 700 DA minimum le kilo de viande bovine, le citoyen au revenu moyen n'a d'autre choix que de revoir ses habitudes culinaires ramadanesques… Il faut dire qu'en ce mois sacré, les Algériens consomment plus de viandes par rapport aux onze autres mois de l'année. Ce qui génère une flambée des prix qui devient de plus en plus insupportable. Au premier jour de ce mois de ramadan, beaucoup de commerçants avaient prévu une baisse des prix, mais 10 jours après, la viande est toujours inabordable. En effet, le prix d'un kilogramme de viande bovine varie entre 700 et 1 200 DA en fonction de la qualité et celui de la viande ovine tourne autour des 1 000 DA. Le prix de la viande blanche est curieusement différent d'un commerçant à un autre. En effet, le kilogramme de poulet vidé est proposé à 320 DA chez les uns et à 350 DA chez les autres. Il y en a même qui le proposent à 420 DA non loin du marché Ali-Mellah à Alger. Selon certaines indiscrétions, cette différence des prix résulte du fait que certains commerçants bénéficient de remises en achetant d'importantes quantités de poulet, contrairement à ceux s'approvisionnant en petites quantités. «La marge bénéficiaire de chaque commerçant est tributaire de la quantité achetée par chaque boucher», indique D. Nouredine, grossiste en viande au marché Ali-Mellah. Le prix de la dinde est resté le même. Ainsi le prix d'un kilogramme d'escalope oscille toujours autour de 520 DA, alors que le prix des cuisses de cette volaille varie entre 260 et 300 DA. La sardine ne déroge pas à la règle des prix «ramadanesques». En effet, le kilogramme est proposé à 120 DA au marché Ali-Mellah, alors qu'il oscille autour de 200 DA au marché Clauzel à Alger. Pour mettre fin à la spéculation et organiser ce marché, l'Etat a pris certaines mesures. Mais apparemment, elles n'ont pas produit l'effet escompté. Interrogés sur les 20 points de vente mis en place par l'Etat et où les prix sont plafonnés, les premiers concernés, à savoir les bouchers, rétorquent qu'ils n'en ont jamais entendu parler. Interrogé sur la flambée des prix de la viande, le responsable du marché de viandes Ali-Mellah, Omar Belhouari, s'est refusé à tout commentaire. Le doyen des grossistes en viande exerçant au niveau du même marché a, quant à lui, exposé les problèmes quotidiens que rencontrent les différents intervenants dans la chaîne de production et de distribution de la viande, à commencer par les éleveurs qui n'arrivent pas à faire face à la flambée des prix des aliments de leur cheptel. «Les bouchers achètent cher et vendent cher», a-t-il tout simplement dit. Selon D. Nouredine, le problème de la flambée des prix de la viande remonte aux années 1990, quand «on a cassé l'Office national des aliments de bétail (Onab)». Par ailleurs, d'autres expliquent la flambée des prix et leur différence par le fait que certains bouchers possèdent leur propre cheptel et leurs propres abattoirs, ce qui fait qu'ils vendent moins cher que ceux qui achètent la viande au niveau des abattoirs. Tous les intervenants dans la chaîne de production et de distribution de la viande se disent innocents et victimes des autres intervenants, alors que la vraie victime reste le simple citoyen qui n'arrive plus à faire face à cette spirale, d'autant que l'Etat n'a pas pris, jusque-là, de «vraies mesures» pour mettre fin à cette situation.