l Les pouvoirs publics prévoient de mettre en place un «office central de répression de la corruption chargé des recherches et de la constatation des infractions de corruption». Le sort de ce nouvel organisme sera-t-il différent de celui des précédents ? Réussira-t-il là où ils ont échoué, à savoir en venir à bout de ce fléau qui gangrène l'économie du pays ? Le Conseil des ministres réuni hier a approuvé une ordonnance prévoyant la création d'un «office central de répression de la corruption, chargé des recherches et de la constatation des infractions de corruption». La compétence des officiers de la police judiciaire qui relèveront de cet organe s'étendra à l'ensemble du territoire national, indique un communiqué du Conseil des ministres. «Cette centralisation donnera, à l'intérieur du pays, une plus grande efficacité à la lutte contre la corruption, tout en facilitant également, à l'avenir, la coopération internationale à travers Interpol, dans la lutte contre ce fléau», précise le communiqué. Le projet de la mise en place de ce nouvel organisme a été prévu par la loi n°06-01 du 20 février 2006, relative à la prévention et à la lutte contre la corruption examinée, approuvée et complétée hier par une ordonnance. Toutefois, aucune échéance n'a été déterminée pour la mise sur pied du nouvel organisme. La corruption a pris, ces dernières années, une part importante des discours du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika, qui a réaffirmé à maintes reprises «la détermination de l'Etat à lutter contre ce fléau». Plusieurs affaires de malversations présumées ont éclaté ces derniers mois, à l'image de l'affaire ayant éclaboussé Sonatrach et celle relative à la corruption concernant la réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Ces deux grosses affaires auraient motivé la réactivation de la loi de 2006 citée plus haut et datant de plus de quatre ans. Ce qui en soi est positif à la seule condition d'accélérer la mise en place du nouvel organisme, sa dotation des moyens humains et matériels nécessaires et garantir, surtout, son indépendance. Car il faut bien le souligner, aucun des organismes mis en place ces dernières années dans le cadre de la lutte contre la corruption n'a eu les effets escomptés. En juillet 1996, l'Observatoire national de surveillance et de prévention de la corruption (Onspc) fut créé par décret présidentiel. Toutefois, son rapport annuel n'a jamais été rendu public. Placé sous la tutelle directe du chef du gouvernement, cet organisme était resté «inanimé» jusqu'à sa dissolution le 12 mai 2000 par Abdelaziz Bouteflika. Depuis, les responsables de l'Etat multiplient discours et annonces sans parvenir à une réalisation concrète sur ce terrain semé d'embûches. En 2006, une loi a été adoptée concernant la création d'un organe national de prévention et de lutte contre la corruption, un projet qui n'a pas été concrétisé à ce jour. Le 28 octobre 2009, l'annonce de la création d'une commission ad hoc n'a pas été suivie d'acte. Et l'annonce faite hier à l'issue du Conseil des ministres risque de connaître le même sort si les responsables ne font pas preuve d'une détermination et d'une volonté réelles de venir à bout de ce fléau aux conséquences désastreuses sur le développement économique du pays. Il est à rappeler que l'Algérie a occupé, en 2009, la peu reluisante 111e place sur un total de 180 pays, selon le rapport de Transparency International, une chute de 19 places par rapport à 2008, où elle a occupée le 82e place.