Réaction n Me Farouk Ksentini estime que la question des disparus est définitivement scellée dans le cadre de la charte de la réconciliation nationale. La question des disparus a défrayé la chronique ces jours-ci avec la montée au créneau des associations des familles des disparus criant à la «hogra» et dénonçant l'attitude des autorités, à leur tête l'institution des droits de l'homme, la Commission nationale consultative de prévention et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), que dirige Me Farouk Ksentini. Ces associations lui ont reproché d'être l'instigateur des représailles qu'elles subissent lors de leurs regroupements hebdomadaires devant sa commission. Intervenant jeudi au forum organisé par le Centre de presse du quotidien El Moudjahid, Me Farouk Ksentini a considéré la revendication de certaines associations regroupant les familles des disparus, et le slogan «Justice et Vérité», illégal car la loi, portée dans la charte de réconciliation nationale, interdit l'ouverture du procès. «Lorsqu'on dit justice et vérité, cela implique l'ouverture d'un procès à l'encontre des gens qui étaient au pouvoir durant les années où il y avait des disparitions», dira Me Ksentini, rappelant qu'une telle initiative est clairement interdite par l'article 45 de ladite charte. «En tant que revendication, je la respecte, mais je suis obligé en tant que responsable de l'institution des droits de l'homme de voir ce que dit la loi», ajoute-t-il. En réaction aux «accusations» des familles des disparus qui lui reprochent, selon lui, d'avoir envoyé la police en vue de les empêcher de tenir leur regroupement chaque mercredi devant son institution, le président de la Cncppdh s'est montré «indigné» d'être ainsi accusé à tort. «Je tiens à affirmer que je suis totalement étranger à cette intervention de la police. Je n'ai d'ailleurs ni le pouvoir ni la possibilité d'ordonner ou d'empêcher une telle intervention.» Me Ksentini a également précisé le rôle de son institution sur la question des disparus. «De par ses statuts, la commission n'est nullement obligée de s'occuper de la question des disparus», a-t-il rappelé, tout en soulignant le caractère consultatif de l'institution qu'il préside. Visiblement affecté par ces accusations, le conférencier a fait part de sa décision de ne plus aborder la question des disparus. «Je ne parlerai plus de ce sujet, car je trouve que toute discussion est inutile en dehors des textes de la charte de la réconciliation nationale», promet-il. A propos de la situation des droits de l'homme en Algérie, le conférencier a estimé que les choses vont de mieux en mieux, tout en reconnaissant les abus, insuffisances et dysfonctionnements au niveau de certains secteurs, à l'instar de la justice et de la santé. Les ONG autorisées à revenir en Algérie Le retour des Organisations non gouvernementales (ONG) est projeté par le gouvernement, et ce, après une longue absence due à l'interdiction des autorités pour des raisons que tout le monde connaît. «Une invitation a été adressée par le Premier ministre aux rapporteurs spéciaux des Nations unies de venir dès le mois prochain pour faire l'audit sur l'Algérie», dira Me Ksentini en enchaînant que le gouvernement envisage l'autorisation à l'avenir des ONG pour mener les enquêtes et les investigations qu'ils ont l'habitude de réaliser dans les différents pays à travers le monde. S'agissant des thèmes concernés par l'investigation des rapporteurs des Nations unies, l'orateur a révélé, entre autres, la violence à l'égard des femmes, la santé, l'alimentation, l'accès au logement et l'éducation.