C'est la première fois qu'une association de disparus évoque une intervention directe d'islamistes de l'ex-AIS. Selon l'association SOS disparus, des individus «qui se font passer pour des repentis de l'AIS (...) se déplacent aux domiciles des familles de disparus en vue de leur demander un certain nombre de renseignements sur les disparus et les circonstances détaillées de leur enlèvement». Dans un communiqué qu'elle a rendu public hier, SOS disparus rapporte que «ces repentis déclarent travailler en collaboration avec l'Etat dans le cadre de la réconciliation nationale». C'est la première fois qu'une association de disparus évoque une intervention directe d'islamistes de l'ex-AIS dans cet épineux dossier. Les révélations de SOS disparus, si elles venaient à être confirmées, constituent en elles-mêmes, un précédent non seulement dans le traitement de la question des disparus, mais également au plan plus général de l'action politique. En effet, l'Organisation islamiste dissoute n'a jamais eu à jouer une rôle officiel pour le compte de l'Etat. D'où le caractère quelque peu surprenant du communiqué de SOS disparus qui met cette démarche sur le compte de «machinations diaboliques dont le but est de briser le mouvement des familles de disparus à des fins politiciennes». Et à l'association de proposer la mise en place d'«une commission autonome ayant de larges prérogatives d'investigation et d'enquête». Cela dit, au-delà des considérations politiciennes, il y a lieu de relever l'apparent caractère unilatéral de la démarche des repentis de l'AIS, puisque Farouk Ksentini, premier responsable du dossier des disparus, affirme totalement ignorer l'initiative des éléments du bras armé de l'ex-FIS. Contacté par L'Expression, le président de la Commission consultative des droits de l'Homme déclare n'être pas au courant de cette démarche et affirme que l'instance qu'il dirige ne travaille aucunement en collaboration avec l'organisation de Madani Mezrag. Selon Me Ksentini, la question des disparus n'a pas connu d'évolution notable ces derniers jours. «Le dossier est complexe et nous travaillons toujours à lui trouver une solution acceptable», a-t-il affirmé, tout en soulignant avoir été en contact avec des repentis, mais pour un tout autre problème, celui des disparitions dues aux groupes terroristes, estimé à quelque 10.000 personnes. Cela dit, il semble qu'il n'ait jamais été question de donner un quelconque rôle aux repentis dans les affaires de disparition. En tout état de cause, le pavé dans la mare jeté par SOS disparus est de nature à relancer la polémique autour des acteurs qui entourent un dossier déjà très complexe.