Manque n La pénurie de lait en sachet marque le quotidien du consommateur dans certaines localités d'Alger et s'accentue dans d'autres wilayas du pays, telles que Constantine, Tizi Ouzou, M'sila, Adrar, Sétif… Pour se procurer ce produit de première nécessité qu'est le lait, il faut souvent se rendre tôt chez son épicier. En effet, à 8h, il n'y en a déjà plus. «Pour chasser la gazelle, il faut se lever tôt», aime à marteler un épicier d'Alger-centre. Un autre commerçant nous dit : «Oui, tout à fait, il y a une forte demande ces jours-ci. La quantité qui m'a été livrée ne suffit même pas pour répondre aux besoins des ménages de mon quartier.» Rencontrée à la place Maurice Audin, une dame du 3e âge affirme : «Après 8h, ce n'est même pas la peine de chercher ! Depuis le début du ramadan, j'ai été obligée d'acheter du Candia et c'est très cher !» «Le vendeur est un ami et il me réserve chaque jour deux sachets que je récupère en fin de journée», nous dit un père de famille. Interrogé, Djahid Djelouli, directeur général de l'Onil (Office national interprofessionnel du lait), nous a expliqué qu'outre la demande croissante sur le lait, notamment en ce mois de jeûne, la spéculation et la transformation de ce produit en petit-lait et en lait caillé sont à l'origine de ce problème. Pourtant, la poudre de lait soutenue par l'Etat doit être destinée «exclusivement à la production du lait en sachet, vendu à 25 DA», a-t-il rappelé. «Il y a une tendance fâcheuse à la spéculation sur le lait qui se trouve détournée par des transformateurs qui n'hésitent pas à utiliser la poudre importée et soutenue par l'Etat pour la production d'autres produits laitiers». Il reconnaîtra, par ailleurs, que ce commerce est devenu «incontrôlable» et que «l'Onil ne peut pas tout contrôler». Dans la foulée, il reviendra sur le marché informel, qui de son avis est de plus en plus menaçant vu l'ampleur qu'il prend. «A M'sila, nous avons appris qu'un sachet de lait a été cédé à 70 DA ! C'est inadmissible !», a-t-il dénoncé. Ce même responsable a également expliqué la pénurie par le fait que certaines laiteries, comme à Constantine, ont connu des pannes, ce qui a fait que le lait en sachet était rare dans ces régions. «Il y a eu des problèmes techniques d'approvisionnement dans certaines laiteries. Nous sommes aussitôt intervenus il y a quelques jours. Et aujourd'hui, il y a un retour à la normale», a-t-il précisé. Par ailleurs, le D-G d'Onil a balayé d'un revers de la main toutes les rumeurs sur une «véritable pénurie». «En vérité, il n'y a pas de pénurie de lait... C'est un phénomène épisodique», a-t-il précisé. «Globalement, la plupart des citoyens dans les grandes villes sont bien desservis. En revanche, il y a un véritable dysfonctionnement dans le réseau de distribution, voire une déstructuration de ce circuit dans certaines localités.» Notre interlocuteur a expliqué qu'en temps normal, les 129 laiteries ayant signé une convention avec l'ONIL, et toujours en exercice, produisent quotidiennement en moyenne près de 4 millions de litres de lait pasteurisé par jour. Par ailleurs, la production de lait durant le mois de ramadan peut atteindre les 5 millions de litres par jour. 40 millions de dinars / jour A une question sur la commercialisation du lait en sachet, avarié, surtout en cette période de fortes chaleurs, M. Djellouli a répondu : «Le lait est une denrée fragile, donc il doit être constamment placé sous froid à une température de 6°C. Outre les conditions de fabrication, je ne vous apprend rien en vous disant que ce produit se vend sur les trottoirs, sous le soleil, et subit une spéculation. Il passe de main en main et du coup la chaîne de froid est rompue.». Rappelant l'intervention de l'Etat pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, il a précisé que pour la filière lait, uniquement, la dépense quotidienne s'élève à 40 millions de dinars entre primes destinées aux différents intervenants et la subvention de la poudre de lait importée. Dans le même contexte, notre interlocuteur dira que l'Onil a pour mission de développer la filière et d'organiser des comités régionaux et ce, dans le but de mettre en place des programmes communs susceptibles d'apporter un nouveau souffle au secteur en encourageant les jeunes à aller vers la création de centres de collecte de lait cru. L'Onil projette également de réduire la facture de l'importation de ce produit et d'augmenter, aussi, la quantité de lait cru collectée.