Haïti s'est doté, hier, mardi, d'un nouveau Premier ministre, Gérard Latortue, dont la tâche s'annonce particulièrement ardue dans un climat persistant de tension en dépit d'une présence accrue de troupes étrangères. Agé de 69 ans, M. Latortue est un avocat et économiste qui, après ses études en France et à Haïti, a effectué la majeure partie de sa carrière à l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). Son expérience de la politique haïtienne est en revanche très limitée. Sa nomination devrait être officialisée aujourd?hui par le président par intérim Boniface Alexandre, qui a succédé à Jean-Bertrand Aristide, en exil en Centrafrique depuis le 1er mars. M. Latortue a été choisi par le Comité des sages, un organisme récemment créé de sept membres représentatifs de la diversité de la société haïtienne. C'est le «résultat consensuel de longues délibérations», a précisé l'un de ses membres, Danièle Magloire. M. Latortue «est un homme de grande conviction, très mûr», a ajouté un autre membre, Paul-Emile Simon. Le nouveau Premier ministre doit former un nouveau gouvernement d'ici à samedi, avec l'aide du Comité des sages. Sa nomination intervient alors que la force internationale a encore accru sa présence dans le pays avec l'arrivée, mardi, de 194 nouveaux militaires chiliens, qui sont désormais 328 aux côtés de 1 600 Américains, 600 Français et une centaine de Canadiens. A Port-au-Prince, pour la deuxième fois en deux jours, des marines ont ouvert le feu, tuant lundi soir un chauffeur de taxi de 31 ans. L'armée américaine a mis en cause les «intentions hostiles» apparentes du conducteur, qui n'était pas armé.