Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé une allocution sur le thème des changements climatiques, hier à Kampala, où s'est déroulée la 15e session ordinaire de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA). Vu l'ampleur de ce phénomène qui préoccupe la plupart des pays de par le monde, notamment les pays africains, les participants à ce sommet ont mis l'accent sur l'adoption de solutions pour lutter contre le changement climatique afin de protéger l'environnement de ses effets nocifs. Sur ce, le président de la République a déclaré : "La protection de l'environnement et plus particulièrement la lutte contre les changements climatiques préoccupent le continent africain. Les effets de ce phénomène sont considérables aussi bien sur les écosystèmes que sur les secteurs économiques, notamment celui de l'agriculture dont dépend une importante partie de nos populations". Bien que la responsabilité du continent africain dans les changements climatiques soit insignifiante, en comparaison avec les pays industrialisés, n'empêche que "nous en subissons pourtant les effets négatifs et nous sommes en droit de revendiquer qu'il soit tenu compte de cette injustice", a-t-il souligné. Sur cet angle, il a évoqué le sommet de Copenhague, tenu en décembre 2009, qui a constitué une étape significative, estime le chef d'Etat. "C'est dans cette optique que nous défendons une position commune dans le processus de négociations en cours pour un régime climatique mondial post 2012", ajoute-t-il. Dans ce cadre, il a tenu à rendre hommage au Premier ministre, M. Meles Zenawi, "qui s'est acquitté de brillante manière du mandat qui lui a été confié par notre conférence pour coordonner l'action africaine dans le processus qui a mené à la conférence de Copenhague". "Nous lui avons renouvelé notre confiance lors de notre 14e assemblée", a-t-il fait savoir. Par ailleurs, il a exhorté les chefs d'Etat présents au sommet de prendre des dispositions pour intégrer la question des changements climatiques dans les programmes de développement tant au niveau national que régional. "La mise en œuvre effective de cet engagement requiert, cependant, une mobilisation accrue de ressources financières additionnelles que l'Afrique ne pourra s'offrir dans un contexte de crise économique et financière mondiale conjuguée aux effets de la crise des produits alimentaires". D'autre part, s'agissant des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) notamment la réduction de l'extrême pauvreté et la mortalité maternelle et infantile, M. Abdelaziz Bouteflika a affirmé que les pays africains, dont les économies ont été durement affectées, ces dernières années, par les effets de la crise économique et financière, sont confrontés à d'énormes difficultés pour la réalisation de ces objectifs. La Convention-cadre, un principe fondamental sur les changements climatiques "En dépit des contraintes qui pèsent sur les économies africaines et des difficultés qui entravent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, l'Afrique s'est engagée à apporter sa contribution dans la lutte contre les changements climatiques. Cet engagement est basé sur les principes fondamentaux de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, notamment ceux de la responsabilité commune, mais différenciée, et de l'équité", a-t-il précisé. Dans ce sens, il a attesté que cette dernière fait face à de lourdes tâches d'adaptation aux effets des changements climatiques qui sont rendus encore plus redoutables en raison de l'interdépendance des sphères écologique, sociale et économique. Cependant, il a relevé qu'"il est important que nous restions fermement attachés au respect des mandats qui fondent les négociations en cours aux fins de la définition d'une deuxième période d'engagements chiffrés et quantifiés de réduction de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés, au titre du Protocole de Kyoto". Ajoutant : "il faudra aussi renforcer la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques dans tous ses aspects". A cet effet, vu l'état de fait, le chef d'Etat a assuré que les pays africains continueront de négocier de bonne foi, dans un esprit ouvert et constructif sur la base des résultats de Copenhague, et conformément aux principes fondamentaux de la Convention et des mandats qui fondent ces négociations. "Ils sont prêts à donner toutes les chances de réussite au processus en cours en vue de la conférence de Cancun, même si nous sommes conscients que les négociations seront âpres et difficiles, les principales questions litigieuses étant demeurées en suspens, en raison des enjeux économiques et financiers considérables que comportent les questions environnementales", a-t-il fait savoir. Ajoutant que les résultats de Copenhague doivent être consolidés et mis en oeuvre. "Il y va de la crédibilité de nos partenaires", a-t-il souligné. Pour ce qui est de l'allocation de 30 milliards de dollars (USD), prévue pour la période 2010-2012, la mobilisation d'un financement de l'ordre de 100 milliards de dollars (USD) par an à l'horizon 2020, et l'affectation d'une part significative de ces ressources à l'Afrique, constitueront un test déterminant de la volonté de la communauté internationale à s'attaquer aux causes et remédier aux conséquences des changements climatiques, déclare le chef d'Etat. Toutefois, "il faut souligner que la mise en oeuvre de la Convention n'est, en aucune façon, tributaire du processus de négociations en cours. Les pays développés doivent mettre à la disposition des pays en développement les moyens de mise en oeuvre de la Convention, notamment en termes de soutiens financiers et de transfert de technologies", a-t-il estimé. "Je ne saurais terminer sans réaffirmer l'engagement de l'Algérie à lutter contre les changements climatiques. L'Algérie attache une attention particulière à ce phénomène du fait de sa vulnérabilité écologique due à son climat aride et semi-aride, et de sa vulnérabilité économique en raison de sa dépendance des recettes d'exportation d'hydrocarbures", insiste-t-il. Pour conclure, il a attesté que "la question des changements climatiques a été intégrée dans le cadre de la stratégie nationale pour l'environnement et les mécanismes et instruments de mise en oeuvre de cette stratégie sont déjà fonctionnels".