Affiche n Black Swan (Le cygne noir), un thriller psychologique américain, avec Natalie Portman dans le rôle-titre aux côtés de Vincent Cassel, a ouvert hier, le 67e Festival de Venise. La musique du Lac des cygnes de Tchaïkovski sert de colonne vertébrale à Black Swan qui décrit le parcours torturé de Nina, une danseuse de ballet new-yorkaise jouée par Natalie Portman, qui doit à la fois se faire violence pour rentrer dans son rôle et faire face à l'ascension d'une de ses rivales. Si elle est un cygne blanc parfait, la timide et perfectionniste Nina a, en revanche, du mal à incarner la sensualité et la face obscure du cygne noir exigées par son directeur de ballet Thomas (Vincent Cassel), qui la pousse dans ses retranchements. A cette pression s'ajoutent une mère possessive et une sexualité en jachère, un cocktail explosif qui fragilise la frêle Nina. Black Swan est «une histoire sur l'amour et la peur, sur la confiance et la trahison. C'est l'histoire d'une fille piégée, pourchassée et désirée qui veut échapper à ce qui la tourmente, mais aussi à ce qu'elle est vraiment», explique son réalisateur, Darren Aronofsky. Ce dernier n'est pas un inconnu à Venise où il a déjà remporté en 2008 le Lion d'Or avec The Wrestler, le film porté par l'interprétation de Mickey Rourke. Les deux films «sont liés l'un à l'autre. Le ballet et la lutte requièrent tous deux des acteurs qui utilisent leurs corps de façon intense et physique», a souligné le réalisateur au cours d'une conférence de presse. «Ces deux films se font pendant», a-t-il observé. Cette journée d'ouverture de la Mostra a également été marquée par l'absence de Jafar Panahi, Lion d'Or en 2000 pour Le cercle et attendu pour la première mondiale de son court métrage L'Accordéon, mais auquel les autorités iraniennes n'ont pas rendu son passeport. «On m'interdit de faire des films depuis cinq ans. Quand un réalisateur n'est pas autorisé à faire des films, il est emprisonné mentalement», a écrit le cinéaste dans un message lu au public avant la projection de son film qui raconte avec tendresse l'aventure d'un garçon et de sa petite sœur privés de leur accordéon parce qu'ils ont joué près d'une mosquée. Panahi avait été arrêté en mars, accusé par le ministère iranien de la Culture d'avoir «préparé un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux» (en allusion aux manifestations ayant suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009). De nombreuses voix s'étaient élevées à l'étranger comme en Iran pour demander sa libération, notamment à l'occasion du Festival de Cannes où le cinéaste devait siéger parmi les membres du jury. Libéré fin mai, Panahi, dont le passeport a été révoqué il y a neuf mois, attend son procès qui doit débuter fin septembre. Aujourd'hui, ce sera au tour de Noruwei no mori (Bois norvégien) de Tran Anh Hung (Japon) et La pecora nera (La brebis galeuse) d'Ascanio Celestini (Italie) de faire leur entrée dans la course au Lion d'Or, tandis que La belle endormie de Catherine Breillat ouvrira Horizons, la section parallèle du festival.