Accusation n Vingt-trois activistes chiites bahreïnis ont été inculpés hier, samedi, de «formation d'un réseau terroriste» visant à renverser le régime dominé par les sunnites. Les suspects ont tenu des réunions secrètes à Bahreïn et à l'étranger afin de «changer le régime politique à travers des moyens illégaux», selon l'agence officielle BNA. Dix personnes, décrites comme les «chefs du réseau terroriste», ont été inculpées pour avoir «sapé la sécurité nationale». Aucune date n'a encore été communiquée quant à l'ouverture de leur procès. Parmi elles, Abdeljalil al-Singace, un leader du groupe chiite d'opposition Haq, est accusé d'avoir formé et «dirigé un réseau illégitime de cellules de sabotage, d'avoir contacté des organisations étrangères et fourni des informations fausses sur le royaume». Sept autres personnes, arrêtées à la mi-août dernier, comme Singace, ont été inculpées pour les mêmes raisons. Il s'agit de Mohammed Saïd, un membre de la direction du Centre pour les droits de l'Homme de Bahreïn et sept autres personnes de la même institution. Les deux dernières personnes sont Hussein Machaïmaa, le secrétaire général de Haq, et Saïd al-Chihabi, secrétaire général du Bahrain Freedom Islamic Movement. Ils n'ont pas pu être arrêtés car ils se trouvent «hors du pays». Treize autres chiites sont inculpés d'avoir «rejoint le réseau qui vise à renverser le gouvernement et changer le régime politique et social de l'Etat par des moyens illégaux.» La plupart de ces personnes sont membres du Haq, appelé également le Mouvement des libertés et de la démocratie (MLD - opposition chiite), un groupe dissident de la principale formation chiite, l'Association pour un accord national islamique (AENI). Le 22 août, dernier, le chef de l'AENI, Cheikh Ali Salmane, avait averti que ces arrestations risquaient de conduire à «plus de violences» Pour lui, les suspects ne peuvent appartenir à une «organisation secrète» puisqu'ils ont des opinions politiques «différentes». Mais une source au sein des services de sécurité avait affirmé que les activistes avaient admis soutenir des groupes incitant à la violence. L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a appelé jeudi dernier les autorités bahreïnies à enquêter sur des accusations de torture de quatre d'entre eux. HRW a notamment cité le cas de Singace, partiellement paralysé, qui s'est plaint d'avoir été torturé et forcé à ramper de et vers sa cellule lors des interrogatoires, sa chaise roulante ayant été confisquée. Bahreïn est un petit royaume du Golfe à majorité chiite, dirigé par une dynastie sunnite. Le pays était revenu en 2002 à la vie parlementaire, suspendue depuis 1975.