Trophée n Le jury de la 67e Mostra de Venise, présidé par le cinéaste américain Quentin Tarantino, a attribué, samedi, le Lion d'Or à Sofia Coppola, pour son film Somewhere. A 39 ans, la fille de Francis Ford Coppola, Sofia, qui a remercié son père en recevant son trophée «pour ce qu'il m'a appris», signe après Lost in Translation et Marie-Antoinette un film aux ambitions plus réduites : la crise existentielle d'un acteur hollywoodien, Johnny Marco (Stephen Dorff), qui tourne en rond dans sa Ferrari jusqu'à l'irruption dans sa vie de sa fillette de onze ans. Le palmarès a encore récompensé, avec le Lion d'Argent de la meilleure mise en scène, La Balada triste de trompeta, de l'Espagnol Alex de la Iglesia, 45 ans, une parodie burlesque et déjantée du franquisme confrontant deux clowns tristes, défigurés et pathétiques (Carlos Areces et Antonio de la Torre). Le réalisateur avait confié qu'il s'agissait «probablement (de son) film le plus personnel, celui pour lequel j'ai le plus souffert». Alex de la Iglesia (Le crime parfait, Mes chers voisins ou Mort de rire) a également reçu le prix du meilleur scénario. Par ailleurs, un Lion d'Or «spécial» a été remis au producteur et réalisateur américain Monte Hellman, 78 ans, figure culte du cinéma indépendant des années 70 et 80, «pour l'ensemble de sa carrière» : Monte Hellman qui présentait à Venise son premier long métrage en quelque 30 ans, Road to Nowhere, fut le découvreur de Tarantino dont il avait produit le premier film, Reservoir Dog. Le Prix spécial du jury a été remis à Essential killing du Polonais Jerzy Skolimovski. Son acteur principal, l'Américain Vincent Gallo, a d'ailleurs reçu le prix de la Meilleure interprétation masculine pour ce rôle d'un fugitif afghan, déporté sur une base secrète de la CIA en Europe centrale et qui parvient à s'échapper : omniprésent pendant 83 minutes à l'écran, il ne prononce aucun mot. Le prix de la Meilleure interprétation féminine couronne une jeune actrice franco-grecque de 24 ans, Ariane Labed, pour la Marina d'Attenberg, deuxième film de la réalisatrice grecque Athina Rachel Tsangari, dans une ville industrielle hideuse, à mille lieues des clichés ensoleillés en bleu et blanc : l'attachante relation d'une jeune fille à son père mourant, qui s'éveille à la vie qui l'entoure à mesure que ce dernier s'éteint. Enfin, un prix de la Meilleure photographie est revenu au Russe Mikhaïl Krichman pour Ovsyanki, d'Aleksei Fedorchenko.