Les personnes âgées, dont le nombre atteindra six millions dans 20 ans, sont de plus en plus victimes de maltraitance, que ce soit dans les maisons de retraite, les structures de santé ou au sein de leurs familles. Ces maltraitances et pressions revêtent toutes les formes. Toutefois, pour assurer une meilleure prise en charge de ces êtres vulnérables, un projet de loi relative à la protection des personnes âgées a été adopté, le 11 juillet, par le Conseil des ministres. Ce projet de loi prévoit, entre autres, des peines de prison et de lourdes amendes pour les citoyens qui abandonnent leurs parents. Un sujet tabou Constat n Les personnes âgées sont de plus en plus victimes de maltraitances, que ce soit à leur domicile, dans les centres hospitaliers ou les maisons de retraite. Certaines catégories d'individus comme les sujets âgés sont particulièrement exposés aux violences et maltraitances. Vulnérabilité d'autant plus accentuée par un état physique ou psychique sévèrement réprimé ou un âge avancé. On en compte deux millions en Algérie et on en prévoit six millions dans 20 ans. Malgré un état de santé défaillant, aggravé par l'apparition progressive de maladies liées à leur âge avancé, devenant parfois de véritables assistés, de nombreuses personnes âgées restent entourées de leurs enfants, petits-enfants et parfois arrières petits-enfants, qui leur prodiguent soins et affection. D'autres, beaucoup moins chanceuses, à l'inverse maltraitées et rejetées par leurs familles se tournent alors vers les maisons de vieillesse, où elles retrouvent le même climat, si ce n'est pire. C'est pour cette raison principalement que de nombreuses victimes font le choix délibéré de taire ces gestes condamnables de leur progéniture par crainte de l'attitude de l'entourage et par hantise de se retrouver seuls au milieu d'inconnus dans une maison où ils risqueraient de subir deux fois plus. Ces mauvais traitements, bien que relevés dans des proportions alarmantes, demeurent un sujet tabou considéré comme «une affaire de famille». Le phénomène débute par des pressions exercées sournoisement en vue de l'obtention de privilèges financiers comme l'accès à un compte bancaire ou une donation. Les violences peuvent alors survenir sous la forme de vols ou de spoliation de biens mobiliers ou immobiliers. La situation peut vite dégénérer et la maltraitance aller de la privation ou la violation des droits, du langage irrespectueux ou dévalorisant, de l'absence de considération, des chantages de toutes sortes, d'un abus d'autorité, de comportements d'infantilisation, d'un non-respect de l'intimité, des injonctions paradoxales ; jusqu'aux coups, brûlures, ligotage, soins brusques sans information ou préparation, non-satisfaction des demandes pour des besoins physiologiques, voire meurtre. Dans les maisons de vieillesse ou les centres pour personnes âgées, en revanche, ces maltraitances sont le plus souvent le résultat d'une incapacité des personnels, souvent peu formés à gérer certaines situations extrêmes auxquelles ils sont susceptibles d'être confrontés face à des personnes handicapées ou réduites physiquement et mentalement. Cette problématique de la maltraitance peut constituer une véritable catastrophe sanitaire dans la mesures où, selon des spécialistes, dans les mêmes proportions que les maladies chroniques, les pressions psychologiques constituent 80% des causes de décès des personnes âgées en Algérie. Les autorités sanitaires devraient penser à établir un plan de prévention pour parer à la situation déplorable dans laquelle évolue cette frange de la société. Un élargissement des soins à domicile pourrait constituer un début de solution pour aider ces malades à guérir rapidement et leur éviter des complications inutiles. Des complications le plus souvent d'ordre psychique, à l'image de la dépression qui toucherait 40% des personnes âgées, surtout celles qui sont en maisons de retraite, abandonnées de leurs familles. Toujours dans les chiffres officiels, 60% des pensionnaires des maisons de retraite penseraient au suicide et plus de 100 000 sont atteints de sénilité. Le nombre de personnes âgées victimes de la maltraitance intentionnelle est estimé à plus de 300 000, selon plusieurs sources. Brahim Mahdid